Apatride
Ça fait presque un an que j’ai pris la décision de plus ou moins vivre en campanule normande. J’écris « plus ou moins », mais j’aurais pu dire « à peu près » ou « en gros ». En tous cas tout ça reste bien flou, parce que je continue de venir régulièrement à Paris deux jours par semaine en moyenne, où je loge dans mon appartement, dans mon autre « chez moi », donc.
Je ne vais pas à l’hôtel ou chez des amis, ce qui me permettrait de faire la culbute mentalement ; du coup j’ai souvent l’impression d’avoir le cul entre deux chaises. D’habiter partout et nulle part en même temps. Comme si je n’arrivais pas à quitter tout à fait mon Paris. Celui où j’ai construit ma vie d’adulte.
Mais, quand même, je sens un frémissement de plus en plus important. Je m’éloigne peu à peu de la capitale, comme si je tenais très fort la main de quelqu’un pour ne pas tomber et que chacun de mes doigts se desserrait un peu plus chaque jour (si ça se trouve je vais tomber du 8ème étage ?)(ça va être joli en bas, toute écrabouillée sous mes K-Jacques…).