
Je n’ai jamais eu de ferme en Afrique – personne n’est parfait – mais, en revanche, j’avais une grand-mère qui habitait Perpignan. Elle est morte il y a plus de deux décennies. Je n’avais donc jamais remis les pieds dans les P.O. jusqu’au week-end dernier.
Ce n’était pas ma mamie préférée. Ce n’était pas celle qui fait le petit volcan dans la purée, qui fait réviser les tables de multiplication à la sortie de l’école ou qui met la main devant les yeux devant les scènes trop violentes des westerns de John Wayne. Ni celle qui achetait le dernier Club des Cinq quand j’étais clouée au lit avec 40° de fièvre.
Pourtant, cette mamie catalane me fascinait. A 10 ans, je trouvais ça mortel qu’une personne âgée mate la télé jusqu’à 4h du matin en bouffant des bonbons. Je trouvais tout aussi étonnant le fait qu’elle se tape des grasses mat’ dignes d’un adolescent en pleine rébellion (pléonasme). En dehors du fait qu’elle était complètement réglée sur les us et horaires espagnols (j’estimais que c’était TROP exotique), elle possédait aussi un putain de sale caractère qui me confortait dans l’idée qu’elle n’était pas ordinaire.
Le voyage annuel jusqu’à Perpignan ne l’était pas non plus. Je me souviens de ces heures qui n’en finissaient pas de finir dans ce train Corail qui traversait toute la France. Bordel, c’était trop compliqué de coller les Pyrénées-Orientales au niveau du Massif Central ?!
Le sac à dos blindé de Picsou Magazine ne suffisait jamais à réduire l’ennui et le désoeuvrement diaboliquement mis en place par la SNCF, à l’époque où le TGV était encore à l’état d’embryon.
Je n’ai jamais oublié les sensations ressenties gamine, en arrivant enfin à destination : la chaleur étouffante, les palmiers, les pigeons et la petite musique jouée par le Castillet tout près duquel était situé l’appartement de ma grand-mère.
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