Je reçois récemment un mail de Stéphanie, Ablon (94) (ouais la banlieue hein, je sais c’est pas facile pour tout le monde) dont la teneur est la suivante :
« Chère Violette, bla, bla, tu es géniale, belle, intelligente, bla bla…
Chaque matin je dois prendre le métro pour aller au boulot boulevard Malesherbes et je dois donc emprunter la ligne 14 dans son intégralité.
Je vois qu’elle est empruntée par de nombreux hommes en costumes bien coupés de marques Italiennes et de femmes très classes. Dans ces conditions, difficile de se faire remarquer comme la fille übertendance du métro.
Alors, pour faire passer le temps je joue à la Loco roco sur ma PSP blanche Swarovski. Que puis-je faire de plus, chère Violette ? »Je dois reconnaître que je suis restée coite quelques instants…
Ma première interrogation : Loco roco Késako ?
J’avoue je suis pas over au courant niveau jeux PSP, je peux pas être partout non plus.
Donc, comme une bonne nigaude de base, je googeulise le truc et je vois qu’en fait c’est un jeu où le but est de faire vaciller le monde à l’aide des touches L et R et comble du délirium, le Loco Roco n’est autre qu’une petite boule de couleur qui adore manger des fruits et qui double de volume à chaque fruit mangé.
En gros, j’ai rien compris, MAIS, pardon Stéphanie, tu vas m’arrêter ce jeu de geek tout de suite, même si tu joues sur une PSP Swarovski, c’est que du strass de pacotille finalement, du Agatha haut de gamme, mais néanmoins on est encore loin de la Game Boy Chaumet ou Mauboussin, si tu vois où je veux en venir.
Surtout ne joue à rien dans le métro !!
Ou plutôt si, joue à « be Violette », tu vas voir, tu vas t’éclater. C’est pas le monde des boules de couleur que tu vas faire vaciller, crois-moi !
Tu ne pouvais pas mieux tomber ma belle, pour devenir, THE fille of the metro, enfin non, en fait parce que c’est moi, mais je te laisse la deuxième place du podium, parce que Violette est bonne, dans le fond…
Déjà, quand tu dis « costumes bien coupés de marques Italiennes », tu veux dire quoi ?
Parce que, la ligne 14, pardon, c’est pas non plus la über ligne du costard bien coupé, c’est plutôt la ligne 1, j’ai envie de te dire…
Après il faut voir les chaussettes et les pompes que portent les mecs, si y’a Blackberry ou vulgaire portable d’il y a + de 6 mois, alliance/marque de l’alliance ou non, si le sent-bon est correct (j’avoue j’ai une passion pour « Grey Flannel », madeleine datant de ces chères années où mes parents pensaient que je faisais des études, mais non en vrai, quand je pense que le mec est inspecteur des Impôts aujourd’hui j’en frissonne…), parce que je suis pas sûre que sur la ligne 14 le reste suive à 100 %, si ? Non ? Bref…
Crois-moi, chaque matin, vers 09h45 voire 10h05, je me transforme en allumeuse hautaine, myope (becauz’ j’ai pas encore chaussé mes lunettes), et ça me donne l’air glacial et hautain de Carole Bouquet, période James Bond, (pas la période Depardieu, hein ? Déconne pas) qui fait qu’on voit pas que j’allume grave, et donc c’est encore plus fort !
Ma théorie, c’est que c’est le matin, au moment où tu sors de chez toi, que t’es la plus belle. Je n’ai qu’un seul regret, que mon temps de trajet soit si court : 6 stations, j’ai jamais le temps de conclure, la vie est si dure, my God !
Donc, oui, le matin, tu es belle, ton parfum délicat caresse le wagon tout entier quand tu secoues légèrement ta chevelure d’un air nonchalant, hommes zé femmes te regardent d’un air envieux, toi la fille trop bien sapée qui a l’air de se foutre de la vie (c’est juste que tu vois le monde tellement flou que tu préfères pas les regarder, donc ça intrigue), toi la fille qu’on se demande pourquoi t’as mis des pures bottes en daim kaki qui te dégueulent sur le jean alors qu’il fait 28°, mais comme t’as un décolleté de malade, la folie de ton look s’annule et en même temps tu restes trop mystérieuse (attention, forte poitrine s’abstenir), oui toi la fille dont le gloss que tu as appliqué il y a à peine 5 minutes ne demande qu’à s’épanouir sur la chaleur d’une autre bouche (ça va, j’déconne),
oui toi la fille qui écoute son ayepaude d’un air si détaché qu’on se demande quel truc expérimental te fait partir dans de si hautes sphères qu’on pourra jamais te rattraper, ou alors toi la fille qui lit son libé en souriant quelquefois parce que c’est trop bon d’être de gauche, ou bien toi la fille qui écrit fébrilement dans ton carnet, que t’as piqué au bureau, le bon mot qui vient de te traverser l’esprit à une vitesse supersonique, qui te servira à épancher la soif de lecture de tes abonnés blogosphériques et qui fera croire au joli garçon assis face à toi que tu es une sorte d’écrivain over underground, enfin, toi, une fille quoi…
(as-tu remarqué la longueur de la phrase ci-dessus lecteur ? Tu n’es pas trop essoufflé ?)
J’imagine que tu sais faire chère Stéphanie.
Tu es une fille, tu allumes sans avoir l’air d’allumer, là est le secret de ta réussite sur cette p*** de ligne 14, où pullulent les femmes en tailleurs parce qu’elles ont pas le choix les pauvres, mais qu’elles bavent comme des vilains escargots devant ton look casual chic, crois-moi.
Tu vas les rendre dingues.
Mais je t’en supplie, arrête la PSP ! T’es pas sur la ligne 4, celles des joggings et casquettes Vuitton achetées à Château-Rouge entre deux dealers de crack et 2 camionnettes de CRS où qui font rien que de jouer au poker pour de faux.
NDA : je sais que nos amies provinciales vont arguer que bla bla bla, y’a pas de métro dans leur patelin bla bla bla
Je te réponds pour sûr ! Mais tu prends le bus, la voiture ou tes pieds pour tous tes déplacements ?
Et le petit train qui s’en va dans la campagne hein ? C’est une légende urbaine le p’tit train des fois ?
Bon, ben c’est pareil, tu adoptes la Violette attitude, et crois-moi, ils vont tous crever de désir pour toi dans ton village !