Aurélie Silvestre a tout d’une héroïne dramatique moderne. Elle est jeune, elle est blonde, elle est jolie. Elle est maman d’un petit garçon, et enceinte d’une petite fille quand son compagnon, l’amour de sa vie, tombe sous les balles le 13 novembre 2015, au Bataclan.
Dans Nos 14 novembre, elle raconte sans pathos, mais avec une émotion si palpable à travers les pages qu’on ressent le besoin quasi impérieux de finir le livre d’une traite.
Elle raconte son histoire d’amour avec Matthieu, commencée dans un train. Elle raconte tous ces petits détails qui font le grand tout d’une relation amoureuse.
Elle raconte le jour J, depuis le lever jusqu’au dernier SMS à 21h46 : « Ça, c’est du rock and roll »… Elle raconte l’attente et le faux espoir qui meurt. Elle raconte les larmes de Gary, leur fils, et les siennes.
Elle raconte l’institut médico-légal et comment il lui fredonnait au creux de l’oreille « Paris c’est une blonde » de Mistinguett. Elle raconte son père qui lui serre très fort la main et quand ils se sont embrassés, la première fois, avec Matthieu.
Elle raconte la survie, et comment elle est devenue une maison cassée mais pas détruite. Elle raconte la « répétition générale » du 7 janvier 2015 et la chemise à carreaux bleu marine et rouge.
Peut-être qu’elle raconte parce que, pour Marguerite Duras, « Écrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. » En tous cas, ce qu’elle raconte ne peut laisser personne indifférent.
Tout ce que je lis concernant ce livre me donne envie de le lire, même si j’ai aussi très peur de me replonger dans le souvenir de ces terribles événements et dans le récit de la tragique histoire de l’auteure. Parce que même si le pathos n’y est pas, je ne pense pas pouvoir échapper à la vague de tristesse qui va m’envahir à la lecture de son histoire.
oui tout pareil. j’évite à tout prix de replonger dans cette horreur, et son histoire déjà médiatisée à l’époque m’avait tétanisée….
Un livre à lire ! Oui, on écrit pour ne pas avoir à parler, on lance les mots comme autant de messages que chacun prendra selon sa propre sensibilité. Ce qui est admirable, c’est la force de la vie qui finit toujours par prendre le dessus !
J’ai très envie de le lire aussi, ainsi que le livre d’Antoine Leiris. Aurélie Silvestre dégage une force de caractère impressionnante et dégage tant de lumière…
J’ai eu envie de le lire. Et puis non. Il parait que sa plume est très belle, je n’en doute pas. Mais je trouve qu’on a trop souffert, tous, à des degrés divers, mais une souffrance qui dure, qui marque et dont on se relève jamais vraiment. Alors, je préfère regarder devant, sans jamais oublier, mais lire des choses plus légères.
Ton billet me fait frissonner, me donne les larmes aux yeux.
La semaine dernière j’ai regardé le documentaire tourné par Antoine Leiris, dans lequel il rencontre les victimes du 13 novembre, notamment Aurélie Silvestre.
Je ne sais pas si j’aurai le courage de lire son livre, trop d’émotions pour moi qui était bien à l’abri ce jour-là.
Je pleure rien qu’en lisant ton billet. Cette nuit, je ne pourrais jamais l’oublier…
Beaucoup d’émotions j’en suis sûre à la lecture de ce livre. J’avais eu une très longue hésitation à me décider à ouvrir « Nos étoiles ont filé » tout aussi poignant et ai fini par m’y plonger avec toujours cette interrogation : si les raisons d’écrire de tels livres me paraissent évidentes, qu’est ce qui nous pousse, nous, à les lire ? Qu’en retient-on ? Notre bonheur est-il plus intense parce que d’autres ont eu de terribles épreuves ? Prend-on mieux conscience de notre bonheur ? Sans doute oui quelques instants mais c’est si fugace…
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PS : on se serre la main (serrer), on ne se la sert pas (servir)… :) Pas dans mes habitudes de faire ce genre de remarques mais cette erreur-là…..
Je l’ai lu ce week-end, je me suis demandé pourquoi j’en avais eu envie… curiosité mal placée? Une vue de « l’intérieur »? Maintenant peu importe. Ce livre c’est LA Vie, celle qui continue. J’ai décidé de ne pas le garder, de le prêter pour qu’il voyage de mains en mains, qu’il remplisse les cœurs. Pour Mathieu et les 129 autres et pour l’Amour.
C’est exactement ça, merci pour ces mots, c’est LA vie !
Ça semblera probablement absurde à certains mais j’ai le sentiment que tous ces gens dont la vie a été bouleversée par les attentats, j’ai le devoir d’écouter ou lire leur histoire. Je lirai donc le livre d’’Aurélie Silvestre même si j’appréhende un peu. Comme j’appréhendais de regarder le docu “Alice et Aristide” mais c’est en fait une vraie leçon de courage et d’optimisme.
Oui, il y a tellement de courage dans ces récits que c’est limite « un devoir » de lire/d’écouter comment ils survivent.
J’ajouterai que lire ces récits, c’est prendre des nouvelles de toutes ces victimes qui ont été surmédiatisées à des moments clés, et que l’on voudrait aussi vite oublier. C’est davantage cet intérêt très ponctuel qui me dérange fortement. Je n’ai pas lu ce livre mais j’y viendrai sûrement, peut-être aussi parce qu’ayant vécu l’attentat de Nice, ces témoignages me permettent également d’avancer. Quoi qu’il en soit, j’ai effectivement trouvé le documentaire d’Alice et Aristide très beau, parce qu’au delà de la souffrance, on y découvre surtout deux êtres extrêmement positifs et lumineux, et qu’au final, c’est ce qui reste de ce témoignage. Et je retiens cette pensée délivrée par Aristide en début de documentaire : on ne choisit pas ce qui nous arrive, mais on peut choisir ce qu’on en fait.
Pour tout dire, je suis vraiment réticente face à ce genre de récit. Je ne parle pas, ne l’ayant pas lu, de manque de talent ou de quoique ce soit. C’est ailleurs que je suis pleine de doute. Que des gens qui ont connu directement ces heures d’angoisse totale témoignent, atteints dans leur chair ou rescapés, c’est au contraire très important.
Mais parler du deuil parce que ça s’est passé au Bataclan, arriver à faire un livre juste un an après, en faire la promotion… je passe mon tour. Un type qui se fait tuer sur le coup par un chauffard aviné : il est rare que son épouse en fasse un livre. Mais là, c’est vendeur.
Bonjour Dominique,je conseille à toutes la lecture du livre « La disparition » de Geneviève Jurgensen sur la mort de ses deux filles tuées par un chauffard, c’est un livre bouleversant et sans aucun pathos,où elle raconte avec des mots simples qui vous transpercent le coeur la courte vie de ses filles et sa reconstruction après le drame, jusqu’au bonheur retrouvé.
J’ai lu ce livre une fois,je crois que je ne pourrai pas le relire.J’attends un peu pour lire le récit d’Aurelie Sylvestre.
Pas lu, mais on m’en a en effet dit grand bien. C’est un si long chemin…
Elle est très belle ta description, et que dire de cette phrase de Marguerite Duras <3
J’ai voulu l’acheter ce midi, il était en rupture. @dominique: je te trouve dure avec l’auteure, qui a l’air (évidemment ça n’est que son air, je ne la connais pas du tout mais quand même) vraiment d’être une femme d’une force de caractère assez étonnante et qui ne court pas après une quelque sorte de gloire ou d’argent. Je l’ai écoutée parler de son livre, et j’ai eu l’impression qu’elle était vraie, et qu’elle avait plus fait ça pour exorciser ce qu’elle a vécu que pour faire vendre, je ne sais pas. Elle même dit « qui ma vie pourrait intéresser » ? Quoi qu’il en soit, je pense que son livre est mal classé dans ma librairie: la dame l’a cherché au rayon « terrorisme » alors qu’elle aurait du le ranger au rayon « amour ». J’y retournerai. Bisous <3
Oooh trop jolie ta chute <3
Je ne veux pas polémiquer, et encore moins sous ce billet-là, mais comme Zout je te trouve dure Dominique, et je ne partage pas du tout ton point de vue. Je le trouve même assez malvenu, en toute franchise…
plus que mal venu, je suis hyper choquée. Affirmer ce qu’elle affirme, c’est n’avoir rien compris au pouvoir salvateur de l’écriture, à la résilience qu’elle offre et à sa puissance de VIE. « La littérature n’a aucune utilité sinon qu’elle aide à vivre » (Claude Roy).
Je n’ai pas lu Nos 14 Novembre. En revanche, j’ai regardé le documentaire d’Antoine Leiris : Vous n’aurez pas ma haine, sur France 5. On y retrouve d’ailleurs Aurélie Silvestre. J’ai été très émue par les différents témoignages, par tous ces gens qui, en somme, me ressemblent. La déco de leurs apparts, leurs vêtements… Cela peut sembler idiot, mais ces détails m’ont frappée.
Le documentaire était dur, les témoignages de vraies gifles. Et puis aucune plainte, à aucun moment! Et moi, j’étais là sur mon canapé…
J’ai pû lire dans les commentaires que le malheur était vendeur. C’est vrai. Cependant, il ne s’agit pas ici d’une tragédie ordinaire. Moi, je crois qu’Antoine Leiris et Aurélie Silvestre veulent qu’on se souvienne – c’est le moins qu’on puisse faire -, et que l’on comprenne qu’à la fin, c’est toujours la vie qui gagne. Je leur dis : Merci!
Fabuleux reportage, tant d’amour en chacune des interventions. Et ce jeune couple dont l’enfant devait naître le 13 novembre, si c’est pas un signe de Vie ça…
Hier en sortant du bureau à midi j’ai couru dans la librairie à côté de mon bureau pour acheter Nos 14 novembre. Ne travaillant pas l’après-midi je me suis lovée dans mon canapé, bien contente d’entamer cette lecture dans le calme de la maison sans mes trois enfants ni mon mari. J’avais besoin de ce calme je crois pour apprécier les mots, toujours justes et touchants d’aurélie Silvestre et j’ai lu son livre d’une traite. Elle raconte un drame mais son livre est aussi plein de vie, plein de lumière… Et elle a une très jolie plume qu’elle réutilisera j’espère : une vocation est peut-etre née chez elle?
Par rapport au commentaire de Dominique, j’aurais pu écrire peut-être le même il y a un an. Imaginez que vous ayez perdu un des êtres qui vous est le plus cher (un enfant) et qui était aime par de très nombreuses personne (certaines). Vous avez la possibilité de faire connaître cette être aimé à des milliers voir des millions de personnes. Ces livres sont une manière de garder le mort en vie. C’est aussi une forme de thérapie. Je recommande la lecture de l’indicible de à à z de Georges salines.
Elle m’a toujours touchée, ainsi qu’Antoine Leiris qui est toujours d’une justesse, d’une pudeur et d’une intelligence remarquables.
Je vais m’empresser de lire ce livre, merci.