Bande de bâtards

Bande de bâtards c’est – comme le résument les auteurs du projet – un voyage identitaire autour des secrets de famille et des non-dits.

Leur constat de départ était le suivant : Dans les statistiques, entre 3% et 7% des enfants ne seraient pas l’enfant de leur père. Dans les faits, les personnes qui découvrent cette donnée à l’âge adulte n’en parlent pas. Souvent parce qu’elles ont honte, ou qu’on leur a demandé de se taire. Pourtant ils doivent réécrire un bout de leur histoire.

A l’origine de Bande de bâtards il y a donc une volonté d’aller à la rencontre de ceux qui ont vécu cette situation, et d’écouter leur histoire. C’est ce qui est arrivé à Marie et Svend, les initiateurs.

Parce que je suis persuadée que les non-dits, quels qu’ils soient, tuent à petit feu. Et parce que dans ma propre famille il y a eu un secret de « bâtard », qui a touché mon père, et qui n’a jamais été révélé. Dans certains milieux, à une certaine époque, « on ne parlait pas de ces choses-là ».

J’ai appris bien des années plus tard qu’il en avait énormément souffert, j’ai entrepris quelques recherches, mais il est très compliqué de retracer un chemin quand tous les protagonistes d’une histoire sont disparus.

Pour toutes ces raisons, j’avais très envie de partager ici ce projet, découvert par hasard sur instagram il y a quelques semaines déjà.

Bande de bâtards raconte donc ces parcours de vie à la manière des portraits de famille, en s’articulant autour de deux fondamentaux de l’identité, l’image et le récit. « Chaque rencontre donne lieu à un portrait photographique, comme une allégorie de la  révélation du secret, et littéraire parce que toutes ces histoires méritent d’être mises en mots et racontées. »

Les auteurs sont sans cesse à la recherche de témoignages, d’histoires, qu’ils illustreront en mots et en images avec respect et bienveillance. N’hésitez pas à faire passer le message.

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25 commentaires

  1. Bonjour l’influenceuse et les cops’
    Magnifique projet !
    (J’avais commencé mon arbre généalogique et une branche tourne court : une fille mère…. et ça va être compliqué d’aller investitguer sur place : le Nord c’était les corons d’accord mais c’était aussi pas mal le front 14-18 y’a des archives qu’on pris cher, des hameaux/village qui ont fusionné, des gens qui une génération faisait leur état civil en France, la suivante en Belgique…)(un jour je chercherai).
    Mais aujourd’hui si j’ai des pauses j’irai découvrir tes 2 posts précédents que je n’ Pas eu le temps d’aller voir ( tu vas m’engueuler ? Sinon j’ai un mot début mon patron hein qui m’a collé charrette…)

  2. Un bien joli projet. Seulement 7%, je croyais que c’était davantage. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, je pense qu’on a presque tous des trucs à raconter sur le sujet.

  3. Merci Violette, je suis allée lire ces portraits. C’est une belle idée que de poser ces témoignages, comme si on offrait une forme de reconnaissance à ces histoires-là. Puis, je suis tombée sur cette citation de Philippe Grimbert :

    « Quand le secret se révèle, on a l’impression de découvrir quelque chose d’inouï et en même temps de l’avoir toujours su. »

    C’est exactement ça.

  4. Que c’est bouleversant ces portraits!
    J’ai l’impression de lire des intrigues de romans anciens, tout en sentant l’importance de la quette pour les protagonistes…
    Un de mes patrons, engagé dans une association de recherche des maladies de sangs m’a raconté qu’il y a des tests possibles pour tracer l’héritage génétique qui transmets la maladie mais qui ont arrêté de pratiquer car trop souvent (bien plus que ces 3-4%), les résultats montraient des discordances de ce genre…à méditer.

  5. Passionnant! (Je dois bosser et je me retrouve à lire tous les portraits, tu es le mal!)
    Il y a une histoire similaire dans ma famille: la soeur de ma grand-mère est tombée folle amoureuse du frère de mon grand-père. De cet amour est né un fils qu’elle a fait passer pour celui de son mari. Ma grand-mère sait et nous, ses enfants et ses petits-enfants, nous savons aussi. Ce qui est horrible, c’est que lui ne saura sans doute jamais d’où il vient vraiment, ma grand-mère s’étant toujours refusée à lui en parler pour ne pas remuer le passé…

    1. Mais il sait plus ou moins, ou bien il est dans l’ignorance totale par rapport à ça ?

    2. Je ne sais pas s’il se doute de quelque chose, je le côtoie peu, c’est le cousin de ma mère. Une chose est sûre, il adorait son père adoptif qui vient de mourir. D’où la question: est-ce que toute vérité est bonne à dire?

  6. Il y a dans ma famille une histoire identique. Un cousin qui se heurte au mur de silence de sa mère. Ce secret qu’il devait ressentir inconsciemment en a fait un enfant difficile puis un adulte toujours en colère. Il a coupé les ponts avec sa mère, ainsi que la famille maternelle comme s’il ne s’autorisait pas à en faire partie.

  7. J’étais persuadée que le pourcentage était plus élevé !
    J’ai tellement de personnes dans mon entourage qui ne connaissent pas leur père ou qui n’ont pas été élevé par leur père biologique… Mon grand-père maternel n’a d’ailleurs pas connu son père. Mes parents ont bien essayé de poser quelques questions à mon arrière grand-mère mais sachant que ça s’est passé dans le Nord de la France pendant la seconde guerre mondiale et qu’elle était très gênée quand ils posaient des questions (elle évitait le sujet), on a vite compris qu’il s’agissait soit d’un homme marié, soit d’un allemand (soit d’un allemand marié !!! ^^). Je ne saurais pas dire si ça a perturbé mon grand-père, je pense que ça laisse toujours des séquelles… J’ai un de mes meilleurs amis qui n’a pas connu son père et à qui j’ai dit un jour que si je n’avais pas d’enfant à 40 ans et que j’étais célibataire, j’en ferais un « toute seule ». Il m’a dit que je ne me rendais pas compte de ce que ça avait comme conséquences sur un enfant. Je sais que dans son cas, ce qui est insupportable, c’est le fait de ne pas savoir qui est son père biologique. Car il a eu une éducation « au top », il a été aimé, il est aujourd’hui heureux et droit dans ses bottes donc grâce à son beau-père et à son entourage, il n’a pas manqué d’amour, d’éducation ou d’un cadre mais l’absence de réponse l’a vraiment rongé pendant longtemps…
    Bref, c’est un beau projet et j’espère que ça pourra aider des gens à lever le mystère sur certains secrets familiaux.

    Merci pour la découverte !

    Manon

  8. Que d’histoires lourdes à porter ! Ce doit être un sacré choc, de découvrir ça, je comprends que ça puisse remettre en question voire une révision de tout un pan de son histoire personnelle…

  9. Ces histoires seront également celles de tout ces enfants et futurs enfants nés par PMA, GPA … et je pense qu’on va au-devant de nombreux problèmes existentiels pour eux.
    Qu’on ne me dise pas que l’amour arrange tout, il n’y a rien de plus faux.
    Car bébé deviendra enfant puis adulte et ça ne va pas être simple pour les parents d’expliquer et aussi sûrement de se justifier.
    Je sais un peu de quoi je parle, nous sommes parents adoptifs de quatre grands enfants, aux parcours compliqués, et il faut être bien conscient qu’un jour ou l’autre le besoin de savoir se révèle prépondérant.
    En temps que membre d’un OAA (organisme agréé pour l’adoption) j’ai vu des dizaines et des dizaines de familles adoptives et je dirai que pour la plupart des enfants et jeunes la quête des origines est essentielle et souvent maladivement.
    Le secret dont il est question ici me parait incroyable tant, à l’heure actuelle, on prône de dire la vérité et le plus tôt est toujours le mieux. Et qu’est-ce qui le justifie?

    1. Bonjour Margo, je me permets de préciser que la PMA ne concerne pas que les couples de lesbiennes: mes jumeaux sont nés grâce à une PMA et ce sont nos enfants biologiques, à moi et à mon compagnon :)
      On est d’accord, ce n’est pas simple. J’ai des amis qui ont adopté et leur petit garçon de 7 ans est assez perturbé par tout ça. Mais aujourd’hui, il y a une grande diversité de modèles parentaux (familles monoparentales, couples homosexuels, couples divorcés), autant d’histoires personnelles et il faut composer avec ça. J’ai aussi dans mon entourage un couple d’amis qui a eu un fils par le biais d’une GPA. Ce petit garçon – qui va très bien au demeurant – sait qui est sa mère et a des contacts réguliers avec elle. Bref, il faut arrêter de généraliser: TOUS les enfants issus d’une PMA/GPA ne seront pas forcément traumatisés, contrairement à ce que vous laissez entendre. Ce qu’on sait avec certitude en revanche, c’est que les histoires familiales sont rarement toutes roses: je suis bien placée pour le savoir, et pourtant j’ai un père ET une mère.

    2. margo, je ne suis absolument pas d’accord avec votre généralisation. Votre discours est sacrément sectaire.

  10. C’est terrible et bouleversant. Une de mes amies m’a raconté que le frère de son mari, son beau-frère donc a appris le jour de l’enterrement de son « père » qu’il n’était pas son fils en écoutant l’hommage funèbre rendu par le prêtre.
    En telle année vous êtes parti à la guerre, vous en êtes rentré tel mois de telle année.
    Silence de cathédrale -c’est le cas de le dire- tout le monde compte en silence…. et bien sûr le compte n’est pas bon.ça ne cadrait pas du tout avec son année de naissance.
    Cataclysme total, le gars a pété les plombs par la suite et a sombré dans l’alcoolisme et la dépression

  11. Je viens d’en lire un, c’est dur ! Des histoires d’abandon… enfin une. Je suis une telle partisane de la vérité. On dit tout et on assume.

  12. Ma mère a été appelée « la bâtarde » par la famille de son père toute son enfance …
    Il faut dire que son père était à la guerre au moment de sa conception, mais, ma grand-mère est morte en emportant son secret dans la tombe et ma mère ne saura jamais qui est son père.

  13. Ah tiens, c’est tout à fait pour moi ça ! Je souris en lisant les 3 à 7% car je me souviens ma mère qui, après m’avoir annoncé à 11 ans que Papa n’était pas mon père, m’avait avancé, sans doute pour me rassurer, que « 25% des enfants » étaient dans mon cas.. C’est un moment crucial dans la construction identitaire et je trouve salutaire que de telles initiatives existent – et merci à toi de les relayer ! Très beau dimanche !

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