Je connais Sarah depuis 15 ans.
Virtuellement, beaucoup, ce qui n’empêche pas l’intérêt, les sentiments. On a beaucoup parlé écriture, chiens, Garance Doré et désillusions. Peut-être que tous ces sujets sont liés ?
J’ai un don d’intuition qui parfois m’effraie, je m’empêche souvent de penser pour ne pas voir. Je veux que la vie m’embarque sans jamais acheter de ticket. Quand elle m’a dit que son texte, chéri et que je devinais maîtrisé parce que urgent, serait édité, j’ai su qu’il serait fort. Important.
L’urgence qui prend presque une vie, quelle ironie.
J’ai lu les 40 premières pages sur une chaise de jardin. J’avais raison.
J’ai continué ma lecture quelques soirs, tard. Une explosion de mots parfaitement ciselés et alignés, de sentiments contradictoires, de colère – parce que le passé s’invite toujours dans nos vies sans que, parfois, on sache vraiment comment y échapper sans crever de désespoir-, de maîtrise et de fluidité.
« Sa Préférée » de Sarah Jollien-Fardel est une évidence pour tous les blessés de la vie. Pour ceux qui ne savent pas quoi faire de la colère. Ceux qui avancent et qui sont tentés de reculer, chaque jour, chaque seconde.
On ne sort pas indemne de ce roman. De cette violence vécue par Jeanne, des coups et des injures du père, de cette peur au ventre qui a englouti sa jeunesse.
Il sort le 25 août 2022 aux éditions Sabine Wespieser. Mais vous pouvez déjà le précommander.
Dans quelques mois vous verrez, on ne parlera plus que de lui.
Ce que dit la 4ème de couv’ :
Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa sœur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l’assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence.
Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l’École normale d’instituteurs de Sion, elle vit cinq années de répit. Mais le suicide de sa sœur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice.
Réfugiée à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d’apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu’elle s’accorde. Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d’êtres bienveillants que sa sauvagerie n’effraie pas, s’essayant même à une vie amoureuse.
Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s’invite.
Sa préférée est un roman puissant sur l’appartenance à une terre natale, où Jeanne n’aura de cesse de revenir, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n’avoir su la protéger de son destin.