La nuit je mens…

Depuis quelques temps, vous avez dû remarquer que je n’aborde plus trop l’épineux sujet de la descendance sur ces pages ; la raison est très simple, tout va plutôt bien dans le meilleur des mondes.

Bien sûr, durant tout le mois de septembre j’ai eu un petit coup de mou et un gros océan de culpabilité à gérer. La faute à l’été, aux vacances j’oublie tout sûrement. C’est qu’il n’est pas toujours simple de laisser son bébé, même quand il a 13 ans.

L’année dernière, à peu près à la même époque, je vous racontais une expérience unique : ma première réunion parents/professeurs en campanule. Vous aviez bien rigolé avec le prof d’histoire/géo qui puait, si je me souviens bien – vous n’étiez vraiment pas charitables.

Cette année, la réunion c’était hier soir. Le prof d’histoire/géo qui puait s’est transformé en une prof d’histoire/géo qui sentait plutôt bon – enfin rien d’alarmant -, et qui portait une jupe longue effet patchwork assez improbable avec des grandes bottes époque 70’s. Pas d’inspiration 70’s hein, D’ÉPOQUE.

Elle m’a tout de suite fait penser à Annie Duperey qui, même si on l’aime beaucoup, est quand même l’actrice la plus mal sapée du paysage cinématographique français (<=vous ne pouvez pas ne pas être d’accord avec ce constat… ne me dites pas que ???!).

Enfin bref, je ne vais pas passer en revue chaque enseignant, je sais que le sujet est parfois touchy et je ne voudrais pas, encore une fois, qu’on m’accuse de moqueries (en vrai, à part la mini Duperey, il n’y avait pas grand chose de croustillant à se mettre sous la dent).

Non, aujourd’hui on va plutôt concentrer nos rires sur la personne dont j’aime le plus me gausser : moi. Parce que, cette année, la réunion avait lieu après le passage à l’heure d’hiver contrairement à l’année dernière. Parce que ça sous-entend qu’il fait nuit noire vers 18h. Et parce que je n’arrive toujours pas à conduire la nuit ; ce point restant insurmontable pour moi (déjà que le jour je suis pas très vaillante)(hum).

J’avais checké ce point dès la rentrée de septembre, quand on m’avait donné cette date, et je l’avais bien enfoui dans ce petit coin de cerveau où j’entasse les trucs anxiogènes, me disant que je trouverais bien une solution pour me rendre à la réunion l’heure venue. Genre l’amoureux m’y emmènerait…

Sauf que comme de par hasard l’amoureux était en déplacement à l’étranger ; j’étais niquée (<=façon de parler). Évidemment, j’aurais pu zapper cette réunion. La descendance n’a aucune difficulté scolaire, elle enquille même les très bonnes notes depuis le début de l’année.

Et puis, après tout, il y a bien des gens qui n’en ont jamais fait une seule, de réunion parents/profs, et ça ne les empêche pas de dormir. Mais bon, eux ils travaillent, c’est pas comme moi.

La seule solution ? Le taxi. Et qui traverse la campanule en taxi pour se rendre à une réunion parents/professeurs, vous demandez-vous très légitimement ? Mais qui d’autre que moi ?

Bien sûr j’ai demandé au chauffeur* qu’il me laisse 100 mètres plus loin. Parce qu’aux yeux de la descendance, voir sa mère descendre d’un taxi pile devant l’entrée du collège d’un tout petit village normand, c’est comme si je portais la jupe effet patchwork d’Annie Duperey en bonnet. Voire en béret. Même pas vous y pensez.

*Je pourrais écrire trois pages au sujet de ce trajet de 20 minutes en taxi, avec ma chauffeuse pas bégueule pour un sou.

Au bout de 30 secondes elle me racontait que son mari l’avait quittée à cause de son métier et que lui, bon bah c’est sûr il a les mêmes horaires de boulot depuis 30 ans il pouvait pas comprendre ma passion de la conduite quoi (<= BAH MOI NON PLUS PUTAIN !).

Et quand il a voulu revenir l’an dernier je lui ai dit mais je n’ai pas changé de métier tu sais ! Et ben il a dit non mais c’est pas grave je regrette et ben je lui ai dit ben moi je regrette pas attends ça va hein je suis pas un pantin.

Mes enfants ils ont dit non mais maman tu devrais laisser une chance à papa et je leur ai dit non mais attendez moi ma passion c’est mon taxi c’est pas un homme qui va me faire changer ma passion surtout que j’ai déjà changé de compagnie de taxis à cause de lui par le passé, et que bon, je gagne moins bien ma vie maintenant que dans mon autre compagnie, vous voyez.

Alors bon j’ai déjà fait des concessions une fois, j’en ferai pas deux c’est moi qui vous l’dis !

Je vais reprendre quelques cours de conduite de nuit.

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43 commentaires

  1. Violette, mon cher et tendre n’aime pas trop non plus conduire la nuit – son taxi, c’est moi. Ce qui limite donc les risques de rupture si je suis bien la fin. Par contre, je ne porte pas de bottes, j’ai jamais compris comment conduire en talons.

    Oh c’est génial de lire que ta douce fleur s’épanouit en campanule. Ça n’a pas du être facile mais tu as pris la bonne décision – même si côté taxi, ça va te revenir cher cette histoire !

    Mais Anny Duperey, quelle soit en bottes, écharpe rayée ou longue tunique, elle a quand même grave la classe, non ? Purée, si Bernard Giraudeau aimait ses écharpes, je suis prête à me rouler dedans illico !

    1. Ah mais je n’ai pas dit le contraire, elle est paradoxalement aussi mal sapée qu’elle est élégante Annie.

  2. Meilleur article. De tous les temps, je sais pas, mais le petit aparté taxiwoman m’a fait ma fin de soirée Violette ! Merci ?

  3. Mais cette photo ! J’aime toujours tes photos – tes portraits, plus particulièrement – et à chaque fois que tu photographies ta fille (ou en tous cas, qu’on en voit des clichés !), je reste baba (<= oui, on peut encore utiliser cette expression en 2017, merci).
    (Et puis j'aime toujours tes articles, aussi, évidemment.)

    1. Merci Camille <3 Je ne vais pas te contredire, pour le coup, cette photo est en fond d'écran de mon Iphone...

  4. Superbe superbe photo !
    J’adore les histoires de taxi. Moi je tombe quasi toujours sur des chauffeurs (taxi ou Uber, même combat) improbables. Une histoire de karma sans doute.
    Pour Annie Duperey (que j’adore évidemment), ça a empiré avec l’âge, non ?

  5. Difficile d’associer cette jeune femme sur la photo avec ta fille, tu es bien trop jeune. Mais qu’elle est belle!
    Il faudrait demander aux profs de raconter leur vision de la réunion parents-profs…

    1. Ah mais ce n’est pas ma fille, j’ai trouvé la photo sur Google Images tu penses bien !

  6. J’aime bien quand tu racontes ces petits bouts de vie qui nous plongent dans les nôtres. Tellement du vécu ! Et ce portrait de ta fille est top comme à chaque fois. Tu la cernes très bien en photo en tous les cas.

  7. Merci Fabignou, je me la suis repassée 4 fois d’affilée, pour la peine ! Entre synthé, descente du train et jeté de sac, voilà un vrai bonbon.

  8. Elle m’agace ta fille : Très belle et très bonne élève… Gggrrrrr
    Non je plaisante bien sûr, mais quand je la vois et que je regarde mon 13 ans (cuvée 2004 comme la tienne)je me dis que les filles et les gars au même âge peuvent atteindre des différences énormes, il fait encore tout jeunot mon chaton. C’est peut-être aussi parce que je l’appelle encore chaton, il va falloir que j’arrête. Mais c’est pas sûr qu’il devienne bon élève pour autant… ;-)
    Cette année on en a une en primaire, un au collège et une au lycée, les réunions parents-profs approchent à grands pas et je commence à flipper et pourtant j’y vais pas en taxi… :-)

  9. La vérité, j’aime ton récit! Ma fibre romanesque s’en délecte :)

    Je les vis côté prof ces soirées. L’espace de quelques minutes, ce sont plein de petits fragments de vies qui s’approchent. La discussion part généralement très « cadrée » (travail, efforts, participation, attitude, évolution, résultats, projets d’orientation…), et très souvent elle bifurque, dévie, se prolonge parfois. Les bavardages s’engouffrent ou les silences. Les révélations fracassantes déboulent ou juste quelques données se laissent entrevoir à demi-mots. Il y a des moments de vie entrevus avec les sourires voire les éclats de rire qui s’invitent, les larmes aussi parfois, la peur qui affleure parfois. Il y a les questions qui trouvent leurs réponses, ou du moins quelques éléments, ou celles qui restent en suspens une fois la porte refermée. Tout ça vient au rendez-vous. La vie quoi :) Et même plein de vies, plein d’histoires dans quelques mètres carrés d’une petite salle 204 ou 112, en campanule ou ailleurs :)

    1. Merci pour ton commentaire !
      J’ai réalisé qu’à chaque fois, devant chaque prof, je suis comme une élève qui essaie de bien faire. J’essaie de trouver un mot d’esprit, de sourire, d’être super polie et bienveillante, comme si je passais un examen…

      Tu as remarqué, de ton côté, cette tendance à vouloir « se faire bien voir » de la part des parents d’élèves ? Ou bien c’est juste moi ?

    2. La grande majorité des parents que je rencontre sont en effet tels que tu te décris. Parfois il me semble aussi percevoir la légère inquiétude sous-jacente, le stress de l’examen à passer, avec le désir d’être « validés » par un « Bien/Très bien/Félicitations! » inscrit sur leur copie de parent et peut-être aussi sur la copie de l’élève qu’ils étaient et qui se rappelle très vite à leur souvenir.

      Je t’avoue qu’il se pourrait bien que je sois atteinte de ce MEME syndrome de l’élève ou de la « bonne élève » face aux parents: je veux (très) bien écouter / dire / faire. Les profs passent leur vie à aller à l’école, alors c’est probablement sans remède ;)

  10. Hello Violette je passe en coup de vent mais quand même je m’interroge : pourquoi « la nuit je mens »?
    Canon ta Rose, et épanouie qui est le plus important.
    La dernière fois que j’ai pris un taxi en région parisienne, le chauffeur était un vrai Titi sorti d’une vieille chanson de Renaud, avec un accent à couper au couteau : j’ai kiffé ?

    1. Parce que je prends des trains à travers la plaine et qu’on peut facilement les remplacer (les trains) par un taxi…

  11. Suis d’accord à 100% en ce qui concerne le « style » vestimentaire d’Annie Duperey . Ça fait des années-,voire, des décennies que je me dis « non mais , C’EST VRAIMENT PAS POSSIBLE CES ÉTOLES !!  » Elle a toujours été mal sapée dans tous les films et les séries où elle a joué . Pourtant je l’aime beaucoup, mais même dans les films d’Yves Robert (auxquels je voue un culte par ailleurs, bien que ce soient les films les plus mal sapés du cinéma français) , elle portait des habits ringards; ça m’avait déjà frappé quand j’étais petite et que j’avais vu au cinéma « Un éléphant ça trompe… » et sa suite.

    1. D’ailleurs , je me suis gourée , elle n’était pas dans la suite « Nous irons tous au Paradis », excellent aussi. Moi aussi , « Un éléphant… » est un de mes films cultes et une madeleine. Mais j’aime tous les films d’Yves Robert-du moins tous ceux que j’ai vus , c’était un des meilleur faiseurs de comédies en France. Et puis , il y avait souvent Rochefort dedans ; what else ? ;-)

    2. Je l’adore Annie, et « Un éléphant ça trompe… » est un de mes films préférés de tous les temps. Chaque scène est culte.

  12. J’adore ce récit !
    Quant à la photo de ta fille, quelle beauté (la photo et aussi le modèle), on la dirait tout droit sortie d’un magazine.
    Pour nous, les réunions parents-profs c’est fini, mais ce soir il y a remise des diplômes du bac au lycée, dernier coup d’oeil à ce monde qu’on laisse derrière nous.

  13. Waouh elle a beaucoup changé ta fille en 1 an. J’avoue, ça ma fait un peu peur … La mienne vient d’avoir 12 ans et je ne suis pas prête à ce qu’elle fasse autant jeune femme dans 1 an/1 an 1/2
    Mon 13 ans 1/2 lui ne change pas beaucoup pour le moment. Cela viendra sûrement quand on s’y attendra le moins. Je crois que ça m’arrange que sa puberté se fasse attendre.

  14. Oh la la mais que j’ai ri ! Et pourtant j’ai bu seulement un demi-verre de rosé, donc c’était VRAIMENT drôle.
    Je ne peux qu’approuver concernant Anny Duperey, et concernant les profs en général car ils ont un goût très…inclassable.

    Dans mon nouvel établissement mes collègues ont remarqué que je faisais attention à ce que je portais (moi…) et me demandent leur avis : l’un sur sa polaire Quechua que j’ai désapprouvée. Il a donc dit que le prochain verre qu’il m’apporterait serait de la cigue. L’autre sur son gilet clone de celui du Père Noël est une ordure, puis sur sa robe Desigual.

    Mais pourquoi me demander ça à moi ? Qui déteste faire l’hypocrite ? Et pourtant j’en fais des soirées blog où je pourrais prendre exemple mais je n’y arrive pas.

    Bref merci pour le fou rire du soir !

  15. Je me souviens avoir lu, il y a looooongtemps (genre au siècle dernier, dans Marie Claire sans doute) que Catherine Beaumont cousait ses fringues elle-même.
    C’est là que j’ai compris la « notion » de cause à effet.

    1. Dans un precedent on n’est pas couché, j’ai lu qu’elle était habillée par Gudrun Sjödén

  16. Anne Duperey a représenté Daxon et Devernois..(Google) entre autres, c’est vrai que cela ne fait pas très moderne:)
    Mais quelle actrice attachante

  17. Bonjour Violette,
    Je ne commente jamais les blogs mais à la lecture de cet article, je ne peux pas y resister !
    Merci pour votre humour et cette façon de partager avec légèreté des sujets qui ne le sont pas toujours.
    Et quelle écriture !
    Merci Violette et continuez de nous faire sourire ;)

  18. Solidarnosc Violette !!!!!
    J’ai reconduit cet été après dix ans d’interruption mais c’est pas gagné !
    Tellement d’accord avec toi sur AD, ça fait des années que je le dis, pitié, qu’une styliste sauve Anny ! Un goût avéré pour les imprimés improbables, les coupes zarbi et les non-vêtements qui ne servent à rien (tunique manches 3/4 fluide sur sous-pull col cheminée)… Dément ! (mais sublime meuf et géniale actrice et mère de Sara donc on l’aime )
    Ta taxi girl m’a fait la journée… et tes captcha me font réviser mes tables de multiplication (P…. ! je suis obligée de me creuser au moins deux minutes pour trouver la réponse)

  19. La nuit je mens, le jour je mens, enfin j’ai arrêté de conduire …
    A chaque fois que quelqu’un me pose la question « mais pourquoi », je raconte, lassée. Par un hasard fou, un jour, dans une revue de psy, d’une amie psy, j’ai trouvé : je suis légèrement, à tendance dysexécutive : je ne stabilise pas les acquisition motrices nouvelles en déplacement. Et c’est pire la nuit, les déplacements rapides ne me permettent pas d’évaluer les distances, même à la place du mort, j’ai l’impression qu’on ne freinera jamais à temps, ou à chaque accélération, je prends mach 2 ! Un vrai trouble, un mot, la paix ! Bon, je me mens peut-être à moi-même, mais je présente la même tendance en natation (seulement sous l’eau), cyclisme (seulement en descente), roller (tout le temps) !D’où l’impression de réapprendre à conduire, nager, faire du vélo, à chaque fois : épuisant !
    Belle photo et belle anecdote, la dame a le sens des priorités …

    1. Si ça se trouve j’ai le même trouble ?!? Je vais me renseigner, je suis fort intriguée.

  20. J’en ai les larmes aux yeux ! Ce récit sur la névrose de la conduite de nuit et le parallèle avec les confessions du (la) taxi, c’est tellement ça la vie. J’ai eu mon permis en dix fois et mon problème c’est l’accès sur l’autoroute. Je ne comprends pas le concept de l’accélération plus l’obligation de céder la priorité. J’ai bravé le problème cette semaine mais j’ai eu quand même un « emmerdement » je n’aime pas que l’on reste derrière moi, il faut que l’on me double ! Et lorsqu’il y a des cônes sur la voie pour interdire de doubler et que tu es en première de ligne et que derrière toi tu as un 5 tonnes blanc, c’est un GROS challenge que de ne pas freiner sous la contrainte de l’angoisse. Tu n’es pas seule ! Si ça peut te rassurer.

    1. Si ça peut te rassurer à ton tour, l’autoroute reste un truc inenvisageable pour moi ! Alors, c’est qui le patron ?

  21. Comme ta peur de conduire me parle. Autant en ville je n’ai aucun souci, autant sur l’autoroute je suis en panique: coeur qui bat la chamade, respiration bloquée, etc…J’ai toujours eu une petite appréhension en prenant l’autoroute, parfois des petits moments de panique mais qui s’estompaient en quelques secondes. Et surtout je n’appréhendais pas particulièrement de l’emprunter: je savais que je risquais d’avoir ces quelques instants d’angoisse mais tout revenait vite dans l’ordre. J’ai déjà fait des trajets de vacances sous pluie battante mais depuis quelques mois je n’ai quasi pas pris l’autoroute. J’ai réessayé un trajet de quelques minutes il y a une semaine et je ne faisais pas la maline.
    J’espère que cela va passer rapidement… Bon courage pour tes futurs trajet en campanule.

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