La flemme chez les adolescents

La vie est mal faite. Quand l’enfant a 3 ou 4 ans, votre donneriez un bras pour qu’il vous laisse dormir jusqu’à 7:30 le dimanche matin – Oh chéri, miracle, il est 7:00 et elle dort encore ! Viens, dansons la carmagnole du repos du guerrier ! -. 

Dix ans plus tard, vous êtes obligé de les appeler vingt fois pour qu’ils émergent difficilement avant 13:00. Il paraît que c’est plus ou moins hormonal. Je ferais plutôt tapis sur la flemme, gimmick favori de la descendance depuis 2 ou 3 ans.

Ah, la flemme ! Celle qui vous cloue au canapé, qui vous empêche littéralement de vider le lave-vaisselle (ça va, je l’ai déjà fait le mois dernier !), d’étendre le linge qui stagne dans la machine depuis 24h, de ramasser l’agglomérat de groles qui squatte l’entrée.

Celle qui vous oblige à laisser vos cotons dégueulasses après le passage de l’ huile démaquillante, sur le rebord du lavabo, qui vous force à enfiler deux chaussettes différentes parce que c’est quand même super chaud de chercher l’orpheline au fond d’un tiroir.

Et puis, bien sûr, celle qui vous empêche de vous démaquiller le soir avant d’aller faire dodo (DE QUI ELLE TIENT ÇA, PUTAIN !).

L’autre jour, j’ai eu de sérieuses palpitations à l’idée de devoir la réveiller à l’aube le samedi (9:30), pour un rendez-vous en fin de matinée. Mais, pas folle, j’avais préparé le terrain quelques semaines à l’avance, histoire qu’elle s’exerce psychologiquement.

J’avoue, le réveil s’est passé sans trop de heurts, après seulement 4 appels de ma part, assez crescendo dans l’intensité. Sur l’échelle des octaves on est passé de la petite musique de jour au hurlement excédé, et c’est vrai que même le chien a failli faire une attaque de panique face à mes beuglements (mais les grands sages Grecs n’ont-ils pas dit qu’on n’avait rien sans rien ?).

Quand elle est descendue prendre son petit-déjeuner, 5 minutes après mon 4ème coup de klaxon vocal, je l’ai trouvée anormalement fraîche. En pyjama, mais le trait d’eye-liner admirablement dessiné. Et le dégradé de fards à paupières si parfaitement posé qu’on aurait pu penser qu’elle venait de faire un tuto « placement de produits » sur Youtube.

J’ai demandé :
– Mais tu as déjà eu le temps de te maquiller ?!?
– Bah non, ça date d’hier, la flemme de me démaquiller hier soir, mais c’est ouf comme ça a pas bougé t’as vu ? Du coup ça sert à rien de me démaquiller pour me remaquiller ensuite. Et comme je suis prête plus tôt, je peux regarder un épisode des Anges avant qu’on parte ?

Je vous dis pas la gueule de l’oreiller (non).

Catégories CYCLAMEN'S SHOW

37 commentaires

  1. Jolie ode à la flemme de l’ado !
    Je suis vernie de ce côté-là, la flemme de mes filles s’est arrêtée au bordel (immense je dois dire) dans leurs chambres respectives. Mais je reconnais bien dans ton texte l’indolence de l’adolescence.
    Belle photo très stylée star des 60’s.

  2. Mais quelle prose Violette !!
    Cette description de la flemme d’ado est juste parfaite, ayant une 16, un 15 et une 12 je suis en plein dedans.

    Quant à la beauté de ta fille, elle me laisse sans voix.

  3. Arf, moi qui suis maman de deux garçons je me demanderai toujours comment c’est d’avoir une fille. C’est pas simple d’accompagner nos enfants sur ce chemin qu’ils tracent en grandissant, trouver la juste distance et la complicité en même temps. Mais on dirait que tu y parviens bien, et je suis sûre qu’elle sera heureuse de lire tes mots dans quelque temps.

    PS : ici c’est plutôt le petit qu’on a du mal à réveiller avant la fin de matinée. Ce qui est mignon, mais laisse présager une adolescence coton ;-) .

  4. Premier commentaire après des années de lecture et de fous rires plus ou moins discrets (petits grognements porcins en option élégance française) devant ta plume (je tutoie direct, va mourir Nadine de Rotschild).
    Comme a sans doute dit Hegel à un moment : « Non mais l’adolescence des gosses, on n’est pas prêts, là. » En même temps, comme les miens, de nains, ont 5 ans et deux ans et demi-qui-ne-fait-toujours-pas-ses-nuits-de-sa-race, j’ai la mine de Benicio del Toro après une grosse teuf (mais en moins sexy, curieusement) et du coup, du fond de ma fatigue chronique, ça me fait beaucoup rire, les récits de parents d’ados qu’il faut réveiller au marteau-piqueur. Surtout quand c’est si bien raconté.
    Et sinon, au niveau de la magnificence de la jeune personne, ça se passe comment? Tu avais commandé ça où? Il y avait des frais de douane? Il en reste des comme ça? Non parce franchement, sa beauté est à la hauteur de son ingéniosité cosmétique. C’est dire. Good job.

    1. Ah mais trop bien ton com Mrs T, moi aussi je lis la prose de Violette, avec délectation, elle a vraiment un talent pour écrire!!!

    2. Oh, HeLN et Granpi, coucou les copines de TDM! Je vois qu’on est en bonne compagnie, ici aussi, youpi!

  5. J’ai tellement hâte des grasses mat. Le reste, ça va aller, merci. (Nan mais se coucher maquillée ? C’est ça les adultes de demain ? Je suis terriblement inquiète pour l’avenir du monde.)(oui, il faut savoir identifier les VRAIS problèmes)

  6. Ici la version masculine de la flemme adolescente répond à la même nécessité de gain de temps aka dormir tout habillé (pas tout le temps hein !)…Mais c’est vrai, on y pense pas assez ! Un coup de déo, une main qui frotte les cheveux et ça repart !
    Nos enfants ne seraient-ils pas les Marie Kondo de l’optimisation du temps ? Je pose la question.

  7. Ha ha ha mais c’est magnifique, ça me fait penser à moi tiens quand j’étais ado, ton article (toujours parfaitement écrit) m’a fait rire ! Bisous

  8. Ca ne m’arrivera pas. Ca ne m’arrivera pas. Ca ne m’arrivera pas.
    Voilà, je vais me répéter ça comme un mantra et ça devrait aller. Dixit la mère qui s’excite déjà sur sa puce de 6 ans parce qu’elle ne nettoie pas le dentifrice laissé dans le lavabo.
    Ca ne m’arrivera pas… ou pas.

  9. Le mienne a un sweat « je vous déclare ma flemme » pour les jours où on n’a pas trop intérêt à envisager de lui adresser la parole si la phrase prévue ne contient pas les mots « netflix » ou « pâtes au fromage » ou « chocolat chaud ». Pratique. Mais ce n’est rien à côté de son frère qui est déjà en train de dépasser son modèle (i.e. la flemme d’aller chez le coiffeur depuis septembre 2017 – deux mille dix-sept, parfaitement).

  10. Je vous lis depuis très très longtemps (et j’adore!).

    Je ne résiste pas à intervenir aujourd’hui car ce poste est d’une telle vérité! Trois ados à la maison, garçon de 19 ans, fille de 15 ans et re-fille de 12 ans, je me retrouve totalement dans vos propos! Surtout le coup des cotons dégueulasses avec en plus ici le lavabo pas rincé après le lavage des dents (le matin après le petit déjeuner composé de céréales chocos…)…. De quoi avoir la gerbe le matin lorsque je passe après elle (la coupable : la 15 ans!)… Bref, merci pour ce très chouette texte (et tous les autres d’ailleurs car c’est un véritable plaisir de vous lire!):-)

    1. Merci pour ce « charmant » témoignage ;-) Chez moi aussi, le lavabo n’est jamais nettoyé BIEN SÛR !

  11. Et le décalage des horaires, on en parle ? Le mien d’ado de presque 21 ans (mais oui l’adolescence dure, dure, et dure toujours…) se lève (hors cours) vers 15 heures (midi c’est quand il a un truc à faire), grignote un vague truc, du coup a faim vers 18 heures, dîne peu du coup (quand il m’honore de sa présence hein ?) et tombe surement d’inanition (je suppose moi je suis avec Morphée) dans la nuit, et n’hésite pas (qui a dit qu’ils étaient « indolents » ???!!!) à sortir poêle et casserole pour se mijoter un petit frichti, voire à jouer du mixeur pour se préparer un guacamole, ben oui c’est bien connu l’avocat est plus goûteux vers 3 heures du mat.
    Une question : ça s’arrête quand ?
    Bisous

    1. Ça montre quand même qu’il n’a pas tant la flemme que ça. Se faire un guacamole maison à 3h du matin c’est un truc de malade pour un ado !

  12. Je suis une vraie rigide du démaquillage depuis que je suis allée chez Ciccio. En gros elle te dit que tu peux acheter toutes les crèmes du monde à 200€, si tu te laves pas le visage le soir ton visage va finir tout plissé. Ça fait peur.

  13. Mais que c’est bien écrit (voix de commentateur sportif)!!! Je me sens un peu seule là parce que mes filles (21 et 18) seraient plutôt du genre à me fatiguer par leur trop-plein d’énergie domestique, parfois. Et vas-y que je lance une machine puis que je l’étende, que je passe le balai, que je récure la sdb…Purée mais j’ai honte de moi, hein.Pour ce qui est du réveil, la plus jeune tient de moi, style couchée tard levée tard, quand elle peut bien sûr. Et pour le make-up, c’est moi que je retrouve! Je me rappelle un déjeuner dominical chez mes parents au lendemain d’une grosse chouille _bien sûr, et ma mère (incroyable, un compliment) me dit que je suis bien maquillée. Là je réponds comme Cyclamen, qui ressemble à Romy Schneider, que ce sont les restes de la veille. J’aurais posé un Tampax usagé sur la nappe que ç’aurait pas été pire. Enfin, avec le grand âge, j’ai corrigé ça, et je mets même une crème de nuit. J’espère que vous êtes fières de moi (toutes ici).

  14. Et puis un jour, trop vite, sa chambre sera vide, parce qu’elle aura pris un appartement, et tu regretteras déjà le temps où tu exerçais ta voix pour la réveiller…

  15. Texte parfaitement écrit, je suis plutôt dans l’épisode 1, avec l’enfant de 2 ans 1/2 qui se réveille au plus tard à 7h30 ! Nous envisageons d’enregistrer ses cris matinaux pour le sortir du lit quand il sera ado #vengeance ;)

  16. Ôte moi d’un doute : avant l’adolescence, elle vidait le lave vaisselle, étendait le linge et triait ses chaussettes…? Parce que les miens (3 pour le pti et 8 pour la grande), c’est dans mes rêves seulement… ou alors sous la menace de privation de Pat Patrouille et Lolirock (ouais les Anges, c’est pour plus tard).

    1. Non tu as raison, elle ne faisait rien de tout ça. Qu’est-ce qui m’a fait penser qu’à l’adolescence elle deviendrait une fée du logis ????!!! (la connerie, sûrement)

  17. Je crains que tu ne fusses (?) en plein EN PLEIN dedans. L’ainé (Qui-passe -le-bac-mais-ça-se-voit-pas)
    Émerge vers 13h tous les week-ends, sauf en cas de journées portes ouvertes post bac (bientôt, Violette,bientôt..) où il se pointe tôt la gueule enfarinée et la mèche rebelle, dormant debout… quant au plus petit, en troisième, il se lève plus tôt mais prend des bains à toute heure de la journée pour pouvoir y fumer une clope peinard. Jusqu’à ce que je sente l’odeur (qu’il est couillon).
    Alors ca me coûte cher en coiffeur, pour couvrir les cheveux blancs, et en gastro enterologues, pour les ulcères.
    On est pas rendues ma chère.

    1. je vous adore les filles…. L’humour du désespoir. Ne vous inquiétez pas, c’est dur, c’est vache, TRES vache mais ça finit par passer. Oui ça commence de plus en plus tôt et ça finit de plus en plus tard (12-25 ans dixit la pédopsy au secours !) mais ça passe et après oui, on en rigole, comme moi en ce moment en lisant vos misères. Ouh la vilaine !

  18. si mon fils était une fille…ce serait la jumelle de cyclamen! Sa tête quand j’ai osé lui demandé de m’aider à étendre du linge hier….suivi du jeté de linge en vrac sur l’étendoir….zen, restons zen!

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