Jean-Pierre

le crabe à la pince cassée

Salut l’Internet, c’est moi ! Ca pour une surprise ! Tu m’étonnes.
Donc, je suis en campanule pour 3 jours pour cause de burnout. Enfin, là, c’est le troisième et dernier jour mais comme c’est toujours le jetlag avec les choses du web, vous m’aurez comprise malgré le décalage, j’en suis sûre.
Je ne vais pas vous raconter des choses tristes, pathétiques ou les deux, puisque j’ai toujours pensé qu’on ne va pas sur l’informatique pour y lire des trucs pesants. La vie se charge de son lot d’emmerdes. Le web est le gros arbre qui cache toute la forêt (ou l’inverse, je ne sais plus bien l’adage). Bref.

Et quand je parle de campanule, je parle de VRAIE campanule hein ! Pas Lyon ou Bordeaux, mais de la vraie ville de 15 000 habitants environ. Le hameau, quoi. Je ne me moque pas, c’est parfait pour faire le point dans les rues désertes, même le samedi après-midi à 15h. Et puis il y a toujours des gens plus tristes que nous autres, alors on relativise : regarde ce pauvre crabe échoué sur les marches de la cuisine avec sa patte toute cassée, par exemple.

Lui, tu vois, il est super mal. Il a pas compris qu’on allait le bouffer malgré que j’y faisais des grands gestes en loucedé. « Barre-toi le crustac’« , je chuchotais, « Retourne en mer Égée !« . Faut toujours que j’en fasse trop pour étaler mon savoir, et du coup ça l’a perdu, le crabe, puisqu’il a compris « Retourne au verger« .

Je fais un aparté produits de la mer pendant que j’y suis pour vous dire que depuis très longtemps, j’appelle tous les crabes Jean-Pierre. Ne me demandez pas d’où ça sort cette invention, je n’en ai aucune idée. Je me souviens juste qu’un jour où j’étais ado, mes parents avaient lancé les crabes vivants dans le chaudron magique bouillonnant et les crabes y faisaient des milliers de bu-bulles avec leurs mandibules (ou je sais pas quoi).

Moi j’avais explosé de rire en disant que si ça se trouve c’est qu’ils pleuraient. Et je m’étais mise à caresser le dos d’un crabe en l’appelant tendrement Jean-Pierre. Je l’accompagnais du mieux que je pouvais vers l’au-delà, si vous préférez. Depuis, personne ne se souvient du patronyme et ça rigole de plus belle avec des « Tiens, on mange des Saint-Bernard ce soir. » ou bien « Violette, fais la mayo, j’ai acheté des Michel !« . Comme quoi qu’on peut rigoler en famille. Parfois.

Donc, que peut-on bien glander du slim dans la ville de province, certains d’entre vous se demandent, copains aminches. Je vous réponds qu’assurément des trucs très inhabituels :

– On est obligé de prendre sa bagnole pour aller au Leclerc afin de trouver des cotons à démaquiller. Mais on peut passer à la caisse rapide, donc c’est pas si contraignant que ça. On aperçoit des copines du collège qui ont gardé le même legging (autrefois appelé caleçon) depuis 20 ans. Forcément, y’a un moment où c’est pointu. Elles assurent.

– Tu te fais sortir du bar à la fermeture (20h) et finalement c’est parfait car tu es sûr de ne jamais rater Catherine Laborde et ses tailleurs de tarentule.

– Quand tu es fumeur, tu n’oublieras point de te ravitailler avant chaque (long) week-end, sachant que les portes tabagiques ferment du samedi 18h jusqu’au mardi matin 8h. Je ne me souviens jamais que le lundi est un jour férié en campanule, et ça me fait toujours tout drôle.

– Et puis enfin, quand ta mère te préparera tous tes petits plats préférés, tu essaieras de ne pas gueuler que ça sent le graillon dans toute la baraque et que tes cheveux fraîchement lavés à la Volvic sentent désormais le stand à fricadelles. Non, tu t’abstiendras, sous peine de te voir répliquer « La prochaine fois je ferai des sandwichs, tu verras, ça sent rien du tout« .

Le verger

☞ Je vous laisse, je viens de découvrir une pince de crabe dans ma culotte. Hihi.

 

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41 commentaires

  1. Si ce crustacé doit mourir, j’aurai autant préféré qu’on ne nous le présente pas. Question de dignité pour lui… Sinon à manger c’est rudement bon! :p

  2. Dans ma campanule on peut se brosser pour trouver des Maurice. La spécialité de ma région c’est les suicides, et, comment dire, ça ne m’étonne pas. Rien que d’y penser j’ai le couvercle de Brian Baudelaire.

    Au contraire quand j’étais trop attirée par la voie ferrée, le mieux c’était de prendre le train pour aller à Paris, d’autres n’ont pas eu cette chance. En même temps je te dis pas le désespoir quand tu attends un train pour te suicider et qu’il en passe que 3 par jour! Il vaut mieux emmener de la lecture, pour tuer le temps (si j’ose dire).

  3. Rien de tel que l’air de la campagne pour déconnecter. J’espère que ça t’a fait plus de bien qu’à ce pauvre Jean Pierre.

  4. Dans ma campanule il y a même des bars qui sont fermés le dimanche, hallucinant. Alors là tu tentes un « On reviendra demain, comme ça je passerai à la librairie. » (Mais au fond de toi tu SAIS que tu ne trouveras pas ce que tu cherches, alors tu penses à la livraison Amazon express, mais tu te dis que c’est con, tu trouveras ça au Relay de la gare en rentrant, ou au Virgin en poussant de 10m). Et là on te dit en effet, « Mais non, demain c’est lundi. ». Désespéré, tu expires un « Et le tabac-presse ? » Et là oui, c’est ouvert, tu vois les titres de l’information mondiale, ça te rappelle Nicolas Demorand, ça repulse un peu. Sauf qu’ici, tout le monde achète la presse locale.

    Bises, et reviens nous en pleine forme, qu’on fasse un Marlusse ou un P’tit Railleur. (cc @eamimi) (Comment ça, ça marche pas les cc dans les commentaires ?)

  5. ah la vie de hameau. Moi ce que je kiffe c’est les cloches de l’appel à la chrétienté à 10h le dimanche. et aussi la queue de 8m de long devant la seule boulanj’ ouverte en ce jour du seigneur…

  6. Bonjour Violette !
    C’est marrant pour moi Jean-Pierre c’est le prénom des hamsters, depuis toujours aussi.
    Tu comprendras donc mon désarroi et mon incompréhension face à ton billet ;)
    Bisous
    Anne

  7. 15000 habitants, c’est quasiment le nombre d’habitants dans la préf’ de mon chez moi…
    La grande ville, quoi ! :-D

  8. j’ai bien aimé ton billet! idem, quand je vais chez mes parents (1 hameau, 2 maisons et la première ville est à 10km ;-)) les copines de lycée ont toujours leur caleçon et il faut aller au leclerc pour acheter le minimum vital ;-)

  9. Galstar : C’est vrai que ce n’est pas très glop de ma part.

    Jules : C’est vilain d’ironiser sur ce sujet, je trouve.

    Babillages : C’est encore pire que d’y aller, non ? Moi je déteste qu’ils envahissent mon espace.

    Dorothée : Putain, c’est la grosse forme dès le lundi hein. Mais j’aime bien l’idée que les suicidaires soient obligés de rentrer chez eux dépités, à cause de la pauvreté de la SNCF. Pour une fois qu’il arrive des trucs positifs grâce aux (non)trains !

    La paillassonne : Oui, mais il me faudrait 3 mois de repos et pas 3 jours, en fait. Dur.

    Louba : Non, je te jure, ça ressemble vraiment à un hameau. Surtout le dimanche.

    Guillaume : Ah oui ça me dit bien le p’tit railleur. On pourra commenter toutes les parutions locales de la semaine, hein, dis ?!

    Vanessa : Ah mais nous ici, on en a plein des boulangeries. Tu verrais ça !

    Anne : Ah oui c’est marrant cette coïncidence. Mais toi au moins, tu bouffes pas les hamsters !

    BBCam : Qui donc qu’est pas sympa à Paris ? Attends t’en as trop dit ou pas assez, je ne rentre pas si j’ai pas les noms.

    La Mère Joie : Wé ben crois-moi qu’il ne s’y passe pas grand chose.

    auntie jo : Sérieux pour les caleçons ? C’est dingue ça. Je me fais la réflexion depuis des années : pourquoi qu’elles gardent leurs caleçons des années lycée ces connes ?

  10. Jean-Pierre le crabe… on n’a pas pas les mêmes conceptions des rimes, mais je vois avec plaisir que je ne suis pas la seule à prénommer les choses ou les bestiaux. Donc j’adhère, Jean-Pierre !

  11. Le lundi férié, c’est un concept que j’applique à moi-même, chaque début de semaine. C’est juste certains profs qui comprennent pas mon attitude, mais enfin.
    (juste, tu feras attention en rentrant à Paris, les gens sont pas très sympas en ce moment)

  12. Tiens, chez moi c’est le carrefour market qui est à 10 km… et ya pas de caisse rapide. Ma campanule c’est pas une sinécure, hein !

  13. Attend y a campanule et campanule !
    Je suis allée dans ma campanule natale aussi ce week-end et je t’assure que la pluie sur les briques rouges ça remonte pas le moral ! (mais j’ai pas la famille pour me faire mes petits plats préférés non plus ;o))

    Reviens nous revigorée !!

  14. Dis donc, ça fait beaucoup de vacances entre tes tranches de travail de deux jours ! En même temps, passer trois jours dans une ville de 15 000 habitants, c’est pas des vacances, c’est de l’ethnologie.

  15. C’est énorme comme concept. On pourrait avoir des campanuliens qui nous envoient leurs journaux locaux, et on lirait les meilleurs extraits autour d’un verre de rouge. Boudiou, faut que j’achète mon enregistreur audio qui va lancer ma carrière dans la radio.

    Ou alors on peut faire des brèves de comptoir blogosphériques autour du même verre.

    Quand tu veux pour le Railleur, tu bippes :-)

  16. Nekkonezumi : Vas-y balance qu’on rigole !

    coke : mais t’es pas à NY ? Je suis pas dispo avant vendredi ma poule.

    PBMV : Ah ?

    Shalima : Oui mais parfois on vous envie, je te jure. Enfin pas le lundi, ça c’est sûr.

    Manou : T’aurais dû me le dire, on aurait fait un ping-pong campanulien !

    e-zabel : Putain, je te comprends.

    Frantztztz : C’est exactement ça « ethnologie ». Enfin depuis le temps, c’est vraiment du repos, j’ai vraiment tout exploré.

    rové : T’es con tu sais ?

    Guillaume : Avec un bon morceau de boudin noir au petit dej’, moi je dis que ça aurait de la gueule (ah non j’aime pas ça, pardon).

  17. Bienvenue dans notre quotidien ! Et voui, t’as plutôt bien retranscrit notre vie de tous les jours. Avec un gros LUL pour le férié du lundi!!! Mais bon, je bémolise la chose quand même, on a deux trois avantages qui font que notre campagne on l’aime… (heureusement je te dirai, sans ça on serai tous sous Tranxène)( non on l’est pas tous!!! ) (je le jure!).
    Donc dans le côté avantages, hier pour aller skier on a mit 1/2 heure (enfilage de moufles , et mandales pour chouinement de grumeaux all inclued). Idem si on a des envie d’écume et de Grand Palais biarrot et un poil (de cul d’ours) de plus pour faire de la solde espagnole.
    Mais le plus gros avantage que je vois, ça reste quand même mon 300 m2 avec piscine. C’est pas compliqué, ça m’aide a pas avoir envie de mourrir quand j’ai en effet pu de clopes un dimanche soir…
    Par contre, ‘tain t’abuses on est pas toutes sapées comme des hyènes en bas de la carte! (on va même bientôt avoir un H&M, c’est dire!!! ) (enfin, pour l’instant c’est qu’une rumeur… :D)

  18. Loué soit le seigneur de m’avoir fait naître à Paris !
    et louée sois-tu Violette pour ton troisième paragraphe qui a remonté mon moral (et le tien aussi j’espère)
    @Dorothée : excellent !

  19. Peut-être que ton crabe, c’était une fille ? Dans ce cas, Jean-Pierre pour un crabe femelle, ça la fout mal, quand même !

  20. Nous avons Giorgio le frigo, un lecteur MP3 noir et maléfique a porté le nom de Dark Vador, les tire-bouchons c’est toujours Charles, et les crétins qui klaxonnent Pedro. La liste est longue et aléatoire en plus. Par exemple, j’ai aussi nommé des plantes, mais elles en sont mortes de honte.

  21. Hélène : C’est indéniable que je vous envie chaque jour vos superficies de vie, vos piscines et le montant de vos loyers. D’ailleurs, mon petit plaisir quand je vais en province, c’est de regarder les devantures des agences immobilières et de pleurer…

    Athéna : Je suis contente qu’un simple verger puisse te donner le sourire. Vraiment.

    poupoupinette : Non, non, j’ai bien regardé et on voyait ses bourses, je te jure.

    garance : Je vois très bien la scène et je lul, si tu permets.

    Octave : Oui je t’assure, je vais rarement rive gauche.

    Nekkonezumi : Ah mais j’adore :) Je vois que tu as la même main que moi (c’est à dire pas du tout verte).

  22. oui, et bien moi, je n’ai pas de campanule familiale, mes ancêtres sont parisiens depuis la Grande Guerre au moins…
    Donc je n’ai nul part où aller en cas de burnout, du coup je m’économise. Et j’arrive à 11h le lundi au boulot. CQFD.

    Sinon j’ai une bizarre phobie alimentaire des crabes, un vieux souvenir de ma grand mère attablée devant un tourteau armée d’un casse noix à sucer l’intérieur de son crâne je cois… Avec moi les Patrick sont en sécurité (j’adopte l’humour de ta famille si tu permets)

  23. C’est marrant mais ta campagne ressemble de près à mon quartier parisien le weekend.
    T’es certaine que t’as passé ton weekend dans le 7ème?

  24. NB: pour rendre leur agonie moins douloureuse (je vois encore ma grand’mère luttant avec le couvercle de la marmite, ils voulaient s’échapper), tu peux aussi les semi-euthanasier d’abord en les mettant dans le congélateur, avec le froid ils s’endorment.

    Tout ceci n’étant pas sans rappeler le désormais fameux paradoxe de la grenouille, très utile en économie: si tu mets une grenouille dans de l’eau bouillante, elle saute. Si tu la mets dans la casserole mais que tu fais bouillir l’eau progressivement, elle ne s’en rend pas compte et elle crève bêtement.

    Ceci est un commentaire sponsorisé par l’Association pour la Lutte contre la Souffrance des Crustacés et par Les Echos.

  25. ben le baron pourrait pas aller s acheter sa creme anti hemoroide dans ton bled : il s est fait sucrer son permis hier !!! la loose !

  26. Moi aussi tiens j’étais en campagne profonde. Jai vu des manchots et des phoques…(te dire que j’étais loin)

  27. Moi, j’ai eu trois amants successifs qui s’appelaient Jean-Pierre.
    Je sais, tout le monde s’en fiche,mais c’est dit.

  28. Hum, tout ça sent bon la soupe chaude non Picardisée et le fromage de chèvre frais qui coule. Ca donne une furieuse envie de WE aux sources et je serais presque prête à emprunter un legging de copine pour faire couleur locale.
    Signé : une ancienne ado de campagne (score : 300 manants) qui n’a JAMAIS porté de caleçons. Ni de leggings d’ailleurs, j’ai dû avoir un trauma du caleçon de copines ;)

  29. quand je te lis, je me demande tjs comment tu fais pour écrire autant de trucs improbables dans le même paragraphe.

    Franchement, de jean-pierre à moi, j’suis admirative. Même beckett il était mon bon que toi !

  30. Oui c’est pire. Quand ils donnent du rôti de porc à manger à mon chat dans mon appartement, c’est pas possible.

  31. T’es pas un peu de mauvaise foi de prévenir ce pauv crabe sans rien faire pour lui ? Un peu comme si tu conseillais au type qu’on conduit à l’échafaud de se barrer. C’est facile. Excuse-moi, mais j’ai bien connu Jean-Pierre.

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