Chère Violette,
Je me sens comme un bateau à la dérive.
Toutes mes confuses pour la référence nautique, mais j’ai toujours rêvé d’être Maud Fontenoy, voire un catamaran.
Mais là n’est pas le questionnement. Il y a bien longtemps que j’ai remisé mes rêves océaniques dans mon coffre aux désillusions, soigneusement planqué des regards indiscrets, sous ma pile de soutifs.
Voilà ce dont il s’agit et pourquoi mon ventricule gauche saigne, tel un coeur de boeuf qu’on te balance à la face lors de ton bizutage à la fac de Médecine.
Récemment, j’ai eu de sérieux doutes quant à la fidélité de mon aimé. Un soir, à la nuit tombée, là où tous les chats sont gris, qu’ils disent, j’ai précipité ma perte en allant trifouiller dans son Sagem my150X.
Tel est pris qui croyait prendre qu’ils disent encore.
Un récent SMS disait la chose suivante : « Tu es vraiment une ordure. Pourquoi ne m’as-tu jamais rappelée, après ? ».
Mon courroux l’a emporté et j’ai aussitôt composé le numéro.
« Allo » que la voix de crécelle a répondu.
Par la teneur de haut niveau de ce premier propos alléchée, je lui tint à peu près ce vocable :
« Dis donc toi, d’où t’envoies des textos à mon mec, tu te crois où, la vilaine ? »
Je ne croyais pas si bien la nommer quand, d’une voix tremblante, elle m’avoua avoir eu une relation sexuelle avec mon aimé, mais que comme elle était handicapée à je ne sais plus combien de %, même qu’elle a un macaron (non pas Ladurée) sur sa voiture, il l’a lourdée aussi sec.
« Ha« , j’ai fait, l’air idiot, « et quoi donc est-ce votre handicap, Madame ? »
« J’ai un pied-bot« , elle a répondu.
Pour résumer exquise Violette, je suis anéantie. Vous avouerez quand même qu’être cocue par un pied-bot, n’est pas chose aisée à digérer. Qu’en pensez-vous ?
J’espère que vous aurez apprécié mes efforts de littérature. J’ai recommencé cette lettre 13 fois, je voulais être parfaite tant je sais grand votre amour des belles lettres.
Amicalement.
Chère skippeuse,
Allons, allons, galéjons un peu pour détendre cette atmosphère sinistre que t’es en train de distiller insidieusement sur mon blog.
Je sais pas quoi te dire.
Deux interrogations, néanmoins :
1) Est-ce que c’est le fait d’être trompée qu’est grave ?
2) Est-ce que c’est le fait d’être trompée avec une fille handicapée qu’est grave ?
3) Pardon, trois interrogations, voulais-je dire. Est-ce que c’est les deux ?
Si t’es en 1), je me permets de citer ce brave JJ Rousseau et, tu comprendras que tout ça, c’est que des conneries. Que y’a quand même des choses plus graves. Par exemple, as-tu acheté ta paire de low boots ? Sinon, t’attends quoi ? C’est déjà à moitié has been ma chérie.
Bref, JJ, il a dit : « Le devoir d’une éternelle fidélité ne sert qu’à faire des adultères« .
Je te conseille donc de faire pareil de ton côté, les couples libres n’ont pas été inventés pour les hamsters.
Si t’es en 2), je te rétorque que les pieds-bot ont aussi droit à une vie sexuelle. La vérité, tu fais un peu honte. Si tu le permets, je ne vais pas m’éterniser sur le sujet. J’ai déjà matière à procédure avec différents syndicats de professionnels mécontents.
Si t’es en 3), tu additionnes mes deux premières réponses.
Oui, je sais, c’est de la brève.
P.S.1 : A toi qui crois que je suis barrée au point d’inventer ce genre d’histoire, je te rétorque que certes, le courrier électronique a été retravaillé, mais que l’histoire est 100% vraie. Oui, ça calme.
P.S.2 : Si tu trouves qui a peint la toile qui illustre ce billet, je t’offre un macaron. Non, pas pour coller sur ta caisse. Un de ceux que tu vas bouffer dans la boutique vert amande où t’as pas le droit de fumer.