Qu’y a-t-il de pire qu’un mauvais champagne ?
Un mauvais amant, tu vas me répondre, bon élève que tu es.
Je ne suis même pas sûre, pour tout t’avouer.
Le mauvais coup ne te file pas de brûlure d’estomac, si ?
Dernièrement, je suis rentrée assez tôt d’une soirée.
Oui.
En taxi.
Tu sais que dorénavant, les agences de buzz marketing ne te filent plus de cadeaux quand tu te barres des events ? De qui se moque-t-on ? Même pas un shampoing. Rien.
Tu vas me demander. Oui, mais bon, Violette, qu’est-ce donc que tu foutais dans une soirée de blogueurs, tendance geeks ?
Je t’avoue, je ne le sais pas moi-même. J’ai perdu tout sens commun.
Oui, j’ai perdu tout sens.
Oui, j’ai perdu tout.
Oui, j’ai perdu.
Oui, j’ai.
Oui,
(Allez, on repart dans l’autre sens)
Oui,
Oui, j’ai.
Oui, j’ai perdu.
Oui, j’ai perdu tout.
Oui, j’ai perdu tout sens.
N’est-ce pas tout mignon cette petite composition optique que je viens d’esquisser sans même m’en rendre compte ?
Il aurait sûrement été préférable d’enlever le (Allez, on repart dans l’autre sens), mais bon.
Je débute. Il te faudra être indulgent.
Allez, on galèje, on galèje et on en oublie le sujet principal du jour avec tes conneries !
Je te confiais donc que je suis montée dans un taxi, assez taciturne de religion (je, pas le taxi), rapport aux brûlures d’estomac naissantes.
Le Monsieur il demande si je sors du bureau, des fois ? Je dis que y’a pas marqué « esclave », il est 22 h, soyons sérieux deux minutes.
Combien de fois dans ton existence va falloir réciter à quelqu’un qui s’en tape et que tu reverras jamais, ce que tu professionnes et que, de surcroît, il va pas comprendre ?
Le taxi aime le lieu commun. Oui, je viens de faire un pléonasme sans m’en apercevoir. Je m’époustoufle.
« Ah, vous travaillez dans le 9ème. Vous êtes dans les Assurances, donc ! »
« Les fonctionnaires sont des feignants »
« Oh, une deux-chevaux. On n’en vois plus trop souvent » (sans retouche !)
« Finalement, j’ai bien fait de passer par là« .
« Tu couches ? » Bon, ça va, c’était juste pour voir si tu t’étais pas endormi.
Le débat :
Non content de vouloir se faire du fric avec son blog, le blogueur aime aussi picoler. Et recevoir des cadeaux.
Tu vas me dire, outré : « Ha bon ? Et le plaisir d’écrire, les jolies rencontres, l’amour du lectorat, tout ça, t’en fais quoi ? »
Oui, bon, ça aussi, ça compte.
Enfin je vais pas non plus te faire la sérénade sous ton balcon en te déclamant « Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous », ça serait pas crédible.
Enfin le jour où tu me feras un virement bancaire conséquent et où tu m’enverras via Fedex une caisse de Ruinart, tu pourras gueuler, pas avant.
Alors, certes, y’en a encore sûrement deux ou trois qui sont pas pourris jusqu’à l’os, mais enfin, demander qu’on serve un champagne correct + en quantité suffisante, c’est déjà le minimum syndical.
Comment tu veux qu’on fasse de la pub pour un truc si t’as pas de contrepartie en nature et/ou financière.
Je te dis que plein de valeurs fondamentales sont en train d’être égratignées et que c’est pas joli du tout.
Voilà.
On s’appelle ?