Delphine de Vigan sinon rien

Delphine de Vigan

Yo ! L’autre fois, au détour d’un article sur mon sweat tigre Sandro, je vous racontais que j’étais en train de lire – et de découvrir – Delphine de Vigan, via son dernier livre « Rien ne s’oppose à la nuit« .

Depuis, l’encre a bien coulé sous les ponts de mes veillées littéraires, puisque je l’ai terminé une nuit, vers 2h du mat’, et que la fin particulièrement anxiogène m’a tenue éveillée jusqu’au petit matin.

Je crois que ce bouquin doit réveiller chez chacun de nous bon nombre de névroses bien cachées, de désillusions, de tristesses enfouies depuis longtemps, de ressentiments jamais exprimés… Bref, la vie (la vraie, pas celle où nos headbands sont sponsorisés par Monshowroom.com).

Pas rancunière pour deux sous suite à cette nuit blanche, et grâce à vos recommandations sous le billet mode et superficiel de l’autre jour, j’ai enquillé avec deux autres livres de Delphine de Vigan : « Jours sans faim » et « Les heures souterraines« .

« Jours sans faim » est le premier roman de Delphine de Vigan, qu’elle a publié en 2001 sous le pseudonyme de Lou Delvig. Il apparaît comme un chapitre en creux de « Rien ne s’oppose à la nuit » et raconte les trois mois d’hôpital d’une jeune fille anorexique, aux portes de la mort.

Le récit est froid, médical, sans pathos. C’est, je crois, ces mots sans emphase qui m’ont entraînée et impliquée dans le combat d’une jeune fille de 19 ans, face à cette maladie.

Rien au départ ne me prédisposait à être émue par cette histoire, n’ayant jamais été touchée de près ou de loin par l’anorexie, mais le fait que l’auteure ne tente jamais de nous tirer les larmes grâce à des artefacts éprouvés est une vraie jouissance. Chialer sur commande, c’est tellement démodé.

 

C’est avec « Les heures souterraines« , dernier opus de ma petite trilogie perso et là où pourtant l’auteure semble avoir mis le moins d’elle-même (quoique), que j’ai le plus pris mon pied de lectrice. Je l’ai lu d’une traite – bon okay c’est pas la Pléiade – presque surprise d’avaler les pages à si vive allure alors que c’était le livre qui me tentait le moins des trois, au regard de la 4è de couverture.

C’est un roman sur la solitude et sa sordide banalité, vue à travers un homme et une femme qui ne se rencontreront jamais et dont le seul point commun est une sorte de détresse des temps modernes. Celle que l’on peut sentir pointer certains matins en s’engouffrant dans le métro parisien ; celle que l’on perçoit parfois, souvent, dans le regard d’une passante fatiguée par la vie.

Thibault est médecin urgentiste et complètement perdu suite à une séparation ; il perd chaque jour un peu plus pied au contact de la maladie et du désarroi de ses patients.
Mathilde est cadre dans un grand groupe. Subitement détestée par son boss, elle subira une mise au placard, un harcèlement moral de compétition, des humiliations pendant des mois, avant de craquer définitivement.

C’est beau, c’est sombre, c’est ultra réaliste. Le livre va prochainement être adapté au cinéma par Philippe Harel, le réalisateur des « Randonneurs », avec Sandrine Kiberlain et Vincent Elbaz dans les rôles principaux. J’ai un peu hâte de découvrir ça, et en même temps j’ai peur, tant la sensibilité qui pourtant déborde du bouquin ne tient paradoxalement qu’à un fil.

 

Bref, si vous ne connaissez pas encore Delphine de Vigan, foncez ! Certes, ses livres ne respirent pas la joie de vivre, on est souvent dans le glauque, mais sa plume acérée et sans chichis vous emmène partout où elle le désire. Même dans des endroits dont vous ignoriez l’existence jusque-là. Fortiche !

Demain, je vous montrerai des vêtements (Ouf !).

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38 commentaires

  1. Idem, après « rien ne s’oppose à la nuit » que j’ai dévoré , je me suis jetée sur « jours sans faim ». En revanche je n’ai pas lu le 3ème que je filerai acheter demain, je suis en manque de lecture, ça tombe bien!

  2. Ma semaine commence bien. Tout comme toi j’ai englouti le dernier roman de D.de Vigan et terminé sa lecture en larmes pfff toute chamboulée. Ayant déjà lu No et moi, j’ai enchaîne sur les heures souterraines, de nouveau happée par l’histoire et le style sans concession de l’ecrivain. Par contre, impossible de me mettre dans Jours sans faim…trop brut, trop médical effectivement…mais il n’est pas loin au cas ou…kiss

  3. …et pour poursuivre sur ta lancée, je te conseille No et Moi, le 1er Vigan que j’ai lu . Toujours dans le même style et bouleversant également.

  4. shalima : Tu vas être servie ! Ces bouquins sont parfaitement adaptés au temps, ce matin.

    Faustinette : Cool, tu me diras ce que tu en as pensé ?

    Vaness : J’ai lu plein de choses positives sur No et moi. Je vais faire une petite pause « DDV », mais il est sur ma liste !

    isa : Oui, comme je disais plus haut, il est sur ma liste !

    soniachocolat : Non c’est pas gai, mais ça fait réfléchir, c’est pas si courant.

  5. Je connais « Rien ne s’oppose à la nuit » qui m’a laissé en larmes et je retiens les « Heures souterraines », ta description me parle.
    Bonne journée

  6. No et moi j’ai un peu moins aimé personnellement, je l’ai trouvé moins abouti que les heures souterraines et bien sûr que Rien ne s’oppose à la nuit. Mais ça se lit bien malgré tout…

  7. Arf! Tu en dis beaucoup de bien alors ça doit valoir le coup mais ça ne m’a pas l’air très gai comme lecture…si on me retrouve pendu un livre à la main, ça sera ta faute hein!;)

  8. J’ai lu et beaucoup aimé No et moi. Et m’en suis arrêtée là…pour l’instant.Mais vu ce que j’entends dire des autres livres de DDV je vais reprendre.

  9. Moi aussi mon premier Vigan a été « Rien ne s’oppose à la nuit », lu au début de l’été. Depuis, tous les livres me tombent des mains, je les trouve si fades ! Ce livre-là reste si présent à mon esprit… J’ai adoré l’élégance de l’écriture, et comme tu le dis aussi pour « Jours sans faim », le fait que jamais l’auteure ne verse dans le pathos. J’ai beaucoup aimé aussi les interrogations qu’elle a dans ce livre sur les conséquences que peuvent avoir l’écriture d’un tel ouvrage.
    Je crois que je vais faire comme toi, lire d’autres Vigan. Ma fille (13 ans à l’époque) avait lu « No et moi » qu’elle avait adoré.
    Merci pour ce partage !

  10. juriste-in-the-city : Moi j’ai pas pleuré, mais ça a pas mal tourné dans ma tête.

    caro : Alors je vais peut-être suivre ton avis, mon astre littéraire !

    Chris : Cool !

    Solexine : Je pense que tu as raison, tu risquerais de ne plus sortir DU TOUT ! Merci en tous cas pour le reste (j’aime bien quand tu es fayote).

    Val Làô : C’est vrai que les autres (par rapport à « Rien ne s’oppose à la nuit ») peuvent paraître fades. Je les trouve, pour ma part, et surtout les heures souterraines, beaucoup mieux écrits.

  11. Tu parles si bien des livres -et des films-( aussi bien que des headbands, you are so multicarte ;-). Cela dit, vu la teneur des livres que tu évoques, je ne pense pas que je les lirai, parce que ma vie de -presque-ascète très solitaire enfermée chez moi la plupart du temps pour bosser (ou pas…) me porte naturellement à la gamberge, et je pense que les sujets traités m’imprègneraient trop longtemps et m’entraîneraient dans des sables mouvants dont j’aurais du mal à me sortir toute seule… mais ,merci à toi de nous montrer tes nombreuses facettes.

  12. Je me souviens que j’avais adoré « Les heures souterraines » effectivement.
    « Rien ne s’oppose à la nuit » dort sur ma pile depuis un moment mais je ne sais pas pourquoi j’ai une énorme appréhension à le commencer, un genre de trac…

  13. Je ne commente jamais. Mais comment dire, vous écrivez très bien et vous êtes drôle ! Je voulais vous le dire et ce billet me semblait parfait pour le faire !

  14. Pour ce qui est de parler des choses dures sans pathos, je ne saurai que te conseiller un des meilleurs livres que j’ai lu jusqu’à présent. Cela s’appelle Twist et c’est écrit par Delphine Bertholon. Il ne faut pas se sentir stoppé par le sujet. Ce livre est juste superbe.

  15. J’ai commencé par les Heures souterraines, que j’ai dévoré d’une traite aussi. Le genre de bouquin qui t’empêche même d’aller faire pipi tellement tu veux pas le lâcher. (ma mère m’a toujours dit de pas lire aux toilettes)
    Jour sans faim, je l’ai lu il y a peu de temps. Alors bon, je suis particulièrement touchée par le sujet, ça, ok, mais comme tu dis, je n’ai pas ressenti le truc de « je vous raconte ça pour vous faire pleurer ». Au contraire, ça m’a semblé froid. Mais j’ai adoré, vraiment. j’ai dû le commencer un soir, je l’ai fini dans la foulée aussi, vers 2h du mat’, et je me souviens que j’ai pris un cahier et un crayon et j’ai écrit pendant 3 ou 4 heures après ça.
    (Evidemment le lendemain, j’étais fatiguée)

    Voilà.
    J’aime bien Delphine de Vigan aussi, quoi.

  16. la baronne : T’arrêtes de réclamer ? T’es au pôle emploi ou bien ?

    Johanna : Merci pour la recommandation ! Je viens de lire plusieurs critiques de ce livre sur le web, et j’ai vraiment envie de foncer l’acheter !

    Cilaïne : Je connais ce syndrome. J’ai pas mal de bouquins non lus qui traînent aussi au pied de mon lit sans que je sache réellement pourquoi je n’arrive pas à les commencer. Si ça se trouve, c’est juste un problème de visuel sur la couv’ ??! (j’ai honte)

    Cécile : Et bien merci beaucoup Cécile !

    Camille : Moi c’est « Les heures souterraines » que j’ai lu d’une traite (mais il est moins long).

  17. Ma whish list s’allonge, et mon port-feuille rétrécit.. arf. J’ai lu « Rien ne s’oppose à la nuit » (piqué à ma mère) il y a quelques mois, et j’ai beaucoup aimé. C’est un livre qui résonne. Je vais voir pour piquer les autres bouquins alors, au vu de ton (joli) billet ;)

  18. je vais,DISAIS-JE,certainement lire d’autre oeuvres de cet auteur.
    Le dernier bouquin qui m’a VRAIMENT empêchée de dormir tellement j’ét

  19. …j’étais (sorry,je rôde mon nouvel ordi,hein) hantée par ces personnages,c’était La Route de Cormac Mac Carthy (je le conseille et surconseille d’ailleurs,sauf si vous avez envie de vous suicider déjà avant)

  20. Les heures souterraines ça m’a fait pleuré dans le métro sous le coup de l’émotion et du coup un jeune homme m’a abordé pour me demander si j’allais bien, si j’avais besoin de parler… De quoi se réconcilier avec les hommes dans le métro
    Jour sans Faim m’a fait ressentir pour la première fois ce qu’on peut éprouver quand on est anorexique, un sujet qui ne m’intéressait pas à force de voir des reportages affligeant à la tv.
    Si tu veux un autre livre à lire d’une traite (bonjour le réveil le lendemain): je viens de finir le « Moi d’abord » de Katherine Pancol qui parle tellement bien du sentiment amoureux

  21. J’aime beaucoup cette auteure aussi, c’est dur, mais c’est beau, c’est juste. J’ai lu les Heures.. mais pas encore Jours sans faim, je le remonte sur ma liste! Bonne journée!

  22. Oups !
    mais il me semblait capital de te préciser que j’ai acheté, moi aussi, 100 ans après tout le monde Rien ne s’oppose à la nuit…

    Et surtout, MERCI !
    Que ça fait du bien de se sentir moins seule : j’aime par dessus tout qd après avoir fini un livre, on dirait qu’il n’a pas été ouvert… (petite psychiatrie perso alors que je suis pourtant pas hyper mania du rangement…).
    Et les tiens, là, on dirait qu’ils sont neufs !!!

    …tu auras compris que ceci m’interdit quasi à jamais tout emprunt en bibliothèque…(en même temps j’y ai pas mis les pieds depuis genre le CM2… (je haïssais la BU de la fac)(en passant, SUS aux gens qui annotent directement dans les bouquins Arrrghhhh !).
    Mais comme je suis bonne copine et que je prête souvent mes livres, surtout ceux que j’ai aimé (logique)… et ben, tu sais quoi ? régulièrement, qd on me les rend tout craspougnés, je les rachète pour les avoir tout beaux dans ma biblio…
    BREF…
    Voilà…
    Je file appeler Gérard Miller !
    Bisous

  23. Anneso : Je l’ai lu « La route ». Très bon bouquin !

    sev : Merci pour la recommandation. Je note ;-)

    Val : Ah ah, mais je suis un peu comme toi. Voire pire, car je déteste prêter mes livres (surtout parce qu’on ne les revoit jamais en général). Pourtant, je suis plutôt prêteuse, en général, mais j’ai du mal avec les bouquins.
    Et allez, je te le dis quand même : la photo a été prise APRES lecture.

  24. excellent livre « Rien ne s’oppose a la nuit ». il y a bcp de choses qui résonnent en nous a la lecture de ce livre. Du coup, je vais vous écouter et lire les autres.
    Merci Violette de partager avec nous tes lectures, si tu as d’autres conseils, je suis preneuse.
    Bises et bonne journée

  25. J’ai fini « Rien ne s’oppose à la nuit » hier soir et je suis encore sous le choc de cette lecture . Avec une telle histoire familiale, D. de Vigan aurait pu sombrer dans le pathos mais son livre est tout le contraire, plein de pudeur. C’est un livre terrible mais lumineux parce qu’il m’a laissé le sentiment que par lui toute une malédiction familiale transmise de génération en génération allait pouvoir s’arrêter.
    « Les heures souterraines » attend sur ma table de chevet et je suis plus motivée que jamais pour le lire maintenant que j’ai lu ton post. Cependant, je crois que je vais d’abord me faire une séance de chick lit et quelques blogs mode avant de replonger dans D. de Vigan.
    En tout cas, merci pour ce post et à bientôt un post avec un sac Zadig (qu’on reconnaitra grâce aux ailes !!!!!!) ou n’importe quel autre fashion symbol. :D

  26. ho bah tiens, en voilà une bonne idée qu’elle est bonne, lire les heures souterraines !
    merci ma violette pour la bonne idée.

  27. marika : Ca me fait plaisir que ça vous plaise (je veux dire un autre sujet que la mode). Vraiment !

    vi_v_vi : Merci pour le fou rire à la fin de ton commentaire. On ne s’en lasse pas de ce running gag.

    solenne : De rien mon champi !

  28. Merci, juste Merci. J’avais une pile de livres au pied de mon lit … impossible d’en commencer un seul, je ne sais pas pourquoi et puis … il y a eu votre post. Deux clics plus tard « Les heures souterraines » étaient dans mon panier. Il est arrivé aujourd’hui. J’ai juste voulu lire quelques pages …
    Vous connaissez la suite j’imagine.
    Merci pour cette belle découverte chère Violette,

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