De la complexité du piche

Je ne sais plus si je vous ai dit que j’avais deux gros trucs qui me fascinaient dans la vie : les gens médiocres et aussi les beaufs, en deuxième. Je veux dire, c’est même pas spécialement pour se moquer, j’ai quelques occasions de rigoler sans blesser autrui, non non, c’est que je ne me lasse jamais de les observer.
Certains adorent mater les accidents de la route, espérant secrètement croiser un bras arraché sur leur chemin. Moi pas du tout : au morbide je préfère cent fois les nazes. Peut-être que je m’identifie grave, si ça se trouve… Non, ça peut pas être ça.

Ouais, donc l’autre jour, je discutais avec quelqu’un qui vient du sud (personne n’est parfait) et pourtant on dissertait de trucs vachement intelligents quand je ne sais pourquoi, on a dévié sur les beaufs. Sûrement qu’une gonzesse en short en skaï et dégradé méché passait par là, mystère. L’inconscient nous fait parfois perdre le fil des conversations les plus excitantes. Fuck.

Et là, il me dit (le gens du sud, pas l’inconscient) : « C’est une piche »
Je vous passe toute la famille de bidules aux ailes blanches qui sont passés au-dessus de nos têtes à ce moment-là, vous pourriez croire que j’abuse de substances complètement confidentielles, alors qu’à part le Chardonnay je carbure pas à grand chose en ce moment. Le désert de la soif, quoi.

« Késaco une piche ?« , j’ai demandé au bout de 5 longues minutes.
Et là, ma frustration n’a fait que grandir face au désarroi de mon interlocuteur pour m’expliquer vainement qu’un piche c’était genre un beauf, mais pas vraiment. Que c’était leur appellation d’origine contrôlée des Jacky, à eux les gens du sud de la France. Que peut-être ça s’appliquait aux beaufs plus jeunes, mais pas sûr. Bref, l’embrouille totale.
Totalement désemparée de ne pas comprendre l’infime différence entre les deux vocables, je me suis cassée la gueule dans le caniveau.

Une heure plus tard, un miracle s’est produit et il a dit : « Ah oui, je sais. Tu vois, Greg le Millionnaire, ben lui c’est un piche !« . Et là j’ai compris.

☞ Vous m’excuserez, je ne peux pas répondre à vos commentaires, je suis en province car j’ai de la cellulite.

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37 commentaires

  1. Excellent. Je rajoute à mon vocabulebook.

    Par chez moi, on appelle les piches des belous. J’aime beaucoup aussi.

  2. Je te confirme, de par ma résidence down south dans la Pink City, que Greg le M. peut tout à fait servir d’illustration à ce qu’est une piche…

    Mais mince alors, moi je savais pas que vous les gens du Nord, vous connaissiez pas « piche »… je croyais juste que nos différences linguistiques s’arrêtait à la dénomination de la sacro-sainte chocolatine que vous qualifiez tristement de « pain au chocolat »… avouez que chocolatine c’est quand même plus kawai comme nom, non ?

    Par contre, je note que tu maîtrises sans le savoir le vocable languedocien par ton utilisation du « Kesaco ? », certes ici mal ortographié et « francisé », mais qui est bel et bien ni plus ni moins que de l’Occitan… Mazette quand même, fais gaffe, hein, tu vires sudiste… :-)

    Et, décidémment Violette, on est raccord, parce qu’avant hier moi aussi j’ai eu ma phase observation du White Trash (= des piches), rapport à ma journée de dimanche ) à la Fête Foraine…

  3. En Belgique, on appelle ça des Rony. Ou des groseilles. Genre « Tiens vla la famille Groseille ».
    Ne me demande pas pourquoi.

  4. Une de mes collègues est une jolie groseille soit dit en passant.
    37 ans, 6 gosses, dont les premiers de 20 et 21 ans. Et elle en veut encore.
    Yen a ils sont fous dans leur tête. Des fois, j’ai envie de lui lisser de force ses cheveux crépus.

  5. ouaiiiis « piche » débarque à la capitale!! au vieux port on dit aussi les cagoles, mais sur la place de la comédie de Montpellier ou aux arènes de Nîmes pas de doute, c’est piche (d’ailleur je tiens à le préciser, on dira une piche même pour un jacky, pas seulement pour une jacky). On dit aussi un pichou mais c’est encore trop sympa pour un greg le millionnaire.

  6. Je rajoute quand même que « piche » est un peu elastique – au bahut, on l’utilisait aussi pour « nul » par exemple:  » je suis une piche en math »… :P

  7. moi j’appelle ça des Loana. Tout le monde comprend. Et si en plus la fille porte un haut en crochet, c’est total raccord.

  8. Ahahah! J’adore l’exemple de Greg le millionnaire. C’est vrai que tout de suite on comprend carrément mieux!
    Au début, j’avais lu Pitch. Et ça m’a donné faim. Mais une fois l’apparition de Greg, j’ai eu envie de vomir.

    Allez, bonne chance pour ta cellulite! ;)

  9. céline: famille groseille vient du film culte d’Etienne Chatillez » la vie est un long fleuve tranquille »
    c’est une vrai famille de « cas soss »
    ben moi qui suis du sud, mais coté atlantique on dit pas piche!

  10. sourire ce matin… parce que moi qui vient du sud et qui en ai perdu l’accent j’en avais même oublié ce mot, incongru en titre de ce blog… et à le lire ici ce matin je l’entends avec l’accent marqué et même si sa sonorité n’est pas très distinguée, il me parle et fait briller le soleil.
    il y a quelqu’un qui a entendu comme moi qu’il allait faire beau aujourd’hui à paris???

  11. Je savais pas que ça venait du Sud, je croyais que c’était un truc de famille, une contraction entre « plouc » et « kitsch », c’est pour ça que je l’écrit : pisch.
    C’est vrai quoi, il y en a qui sont à la fois les deux! il faut bien préciser le vocabulaire un peu!

  12. A Toulouse on dit piche ET beauf. Mais ce qui me chagrine un peu, c’est que c’est un inépuisable sujet de conversation parce qu’on est toujours le beauf de quelqu’un..Je me souviens de commentaires sur la blogo (peut être même ici) sur la beaufitude absolue d’acheter ses tableaux chez Ikéa.
    Moi bêtement je me disais, le beauf c’est celui qui achète ses bibelots à Confo, et subitement j’étais moi même le beauf de quelqu’un.
    Et vous, vous savez de qui vous êtes le beauf? Car ça, c’est comme pour les cons, on est toujours le con d’un être tellement supérieur !
    Bonne décellulitage.

  13. @ fanouchka

    Aaaaaaah je savais pas, j’ai jamais vu!
    Eh ben merci pour l’info, je me coucherai moins conne!

  14. Oh ben tiens, si je perdais (rêvons), 10 kg (mais dans la jambe)…(j’ai dis la jambe, pas le cuissot, chez moi, c’est répartis régulièrement dans la jambe entière), oui, donc, si je perdais 10 kg (pas en haut, il n’y en a déjà pas beaucoup), et bien, je me ferais bien Piche, tiens. Rien qu’une journée. Pour exhiber mes cuisses de mouche nouvellement créées et faire ma crâneuse qui dit « Bisque bisque rage ».

    Sauf que bon. On se respecte, quand même. Ce ne serait pas du skaï. Ce serait du vrai beau cuir de marque bien chère. Je serais une Piche de luxe !

  15. T’es sympa, entre le voyage minceur et celui bling-bling chez Audigier, tu nous trouves l’exacte étymologie de ce mot, « piche ». Ca m’interloque, quand même …

  16. Merci Violette, j’ai bien rigolé avec ce post, le piche est du sud mais du sud languedocien, la cagole est du var, Nice et Cannes
    nous avons les beaufs mais les piches sont un peu différents mais j’arrive pas a dire en quoi exactment, faut que je demande a ma grand mere …

    Céline, la famille groseille vient du film, « La vie est un Long Fleuve tranquille » :)

  17. Pour moi, piche, c’est le verbe picher, genre tu bois comme un trou et tu finis mal la soirée.
    Bon, si je comprend bien, le mec dans sa Subaru bleu tuning est un beauf, un piche et s’il passe à Confessions intimes, c’est cas sos !! Dire que ça existe vraiment ….

  18. Ah ben je confirme: à Nîmes, ça se dit, « piche ». (je croyais même que c’était le seul endroit où on utilise ce vocable)

  19. De l’avantage d’être bilingue (et non bling-bling) Sud/Nord ! Les piches ils t’assassinent la rétine tellement ils brillent de partout (cheveux, bijoux, fringues, voiture) sauf de la conversation !

  20. Ah, moi je connaissais « le pichet », mais c’est pas tout à fait pareil. C’est le crétin qui pense gagner des galons en école en gagnant tous les jeux à boire, sans se rendre compte qu’en fait tout le monde le prend pour un con. Il a donc gagné notamment au jeu du pichet. Tout le monde l’appelle donc « Alain le pichet », lui croit que c’est un titre de gloire, mais en fait il est bien le seul.

  21. Quelles intéressantes considérations linguistiques ! Là où j’habite, dans le Canada bilingue, pour les piches de sexe féminin, on parle de « poupounes ». Substantif qui a également ses déclinaisons lexicales, par exemple « se poupouner » avant de sortir un samedi soir ;-)

  22. Moi qui suis du Sud (personne n’est parfait mais j’assume grave) une piche c’est le synonyme de « quéqué-boy » du « beauf » mais généralement une » piche » est le nom qu’on donne aux filles qui se prennent pas pour de la merde mais en fait qui ne sont qu’une fade copie de certaines diva ou stars…
    Tout ça pour dire qu’entre le sud et la capitale le langage n’est pas le même alors qu’on pense la même chose sur la même personne…
    Et Molière dans tout ça il dirait quoi lui??
    Des BisOux

  23. Évidemment, voyons ! On a même fondé le « club des piches » avec mes copines !
    (toulousaine de base je suis)

  24. Cette discussion est aussi profonde que la cellulite peut aller loin sous l’épiderme, et c’est pas peu dire….interessant, …
    dans le sud ouest, on ne dit pas piche, je confirme, par contre on dit beaufs, bidochons, jaky, gérard, blaireau, pouffe, cagole …j’en passe.
    J’aime beaucoup l’idée qu’on est tous le beauf de quelqu’un, ca rend plus humble, ou plus parano :) la beaufitude est relative, faudrait qu’on la definisse selon des critères objectifs (qui va être objectif? surtout pas un Brian par exemple!)…
    sur ce, j’enfile mon bob Ricard, et vais siroter un jaune (faut être raccord) à la terrasse du PMU avec les vieux du quartier, on va lire Sud ouest, critiquer le gouvernement, et on se fera p’tet une tour eiffel en allumettes en pensant aux parisiens (parigos comme on dit chez nous!)

  25. Si tu veux encore agrandir ton vocabulaire es-beauf, sache « qu’une gonzesse en short en skaï et dégradé méché » et ben c’est une CAGOLE !
    Parfaitement.

  26. Aaah, la picheuh de Toulouseuh (avé l’accent) !! Je la connais bien moi qui vis dans la belle cité rôse ! Pour moi c’est un savant mélange de cagole, de neuneu, de beauf (beaufe ?), avec une touche de starpouffe comme le dit zazazou. Si elle est vraiment niaise (je veux dire, encore plus que la moyenne des piches), on peut aussi l’appeler « pipiche », avec ou sans petite nuance d’affection. S’utilise surtout en adjectif : « Mais qu’elle est pipiche celle-là !! »

  27. Les Beaufs ici, ils disent pas Pornic mais Cochon-Baise . Qu’ est-ce qu’ on se marre …
    Enjoy le palpage de cellulite !

  28. Aha! ça fait longtemps que je n’ai pas entendu piche (depuis mon exil en L.A. en fait)
    Tu dois être vers Montpellier ou pays biterois nan?

  29. comme quoi c’est différent partout. Chez nous dans le sud-ouest con ! on dit une quiche !! un bobia quoi comme disent les bretons ! ou alors en mieux tu peux avoir une quiche qui en plus est une vraie pipe !!

  30. les groseilles ,je me souviens du film!mais les pour les piches,pas saisi la nuance;jme sens quiche du coup…!

  31. De toutes façons, on peut bien se moquer mais dans la vie on est toujours le con de quelqu’un !!!

    C’est juste histoire de relativiser…

    Mia TERRA LATINA ;-)

  32. Mon fils et ses copains ne disent pas les Jackys mais les Kévins : ça doit être une question de génération !

  33. « Piche » a donc les deux genres, on peut dire « un piche » ou « une piche » ? OK. Noté.

  34. ah bah pour nous (les fonctionnaires hospitaliers paisiens… ; ) ) un piche c’est un patient alcoolique ou autrement appelé un OH (ion de l’alcool)
    et les kevins je l’ai recemment entendu aussi

    et je suis tout a fait d’accord -malheureusement ou heureusement-: » on est tous le con de quelqu un »

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