Le truc chic et pas (très) cher – 9

La semaine dernière, j’ai reçu un livre* par coursier, au bureau, gracieusement offert par un lecteur, mais qui est également auteur de son plein gré, puisque c’est lui qui a écrit le manuscrit.
Tu vois pas que le mec va en plus m’envoyer du Marc Levy pour me séduire, tu m’auras vraiment tout fait !

T’as remarqué comme on rit de se voir si belle en ce miroir de bon matin ?
Bref.

Tu vas me dire que le mec cherche à me draguer. Je te rétorque que tu vois vraiment le mal partout, mais que, pour une fois tu n’as peut-être pas tort même si le susdit Monsieur ne m’a jamais vue. En vrai, je veux dire. Avec ses yeux, donc.Bon, là où je veux en venir c’est que son livre était accompagné de sa carte de visite (personnelle) et dessus y’avait marqué « carte de visite – marque ta page » en rouge, d’une écriture vachement sympa. Pour un mec j’entends.

Tu comprendras aisément que je ne vais point te lire la dédicace.
Non, non, ce n’est pas sexuel, ne te méprends pas. Juste si je commence à te raconter ma vie, on n’est pas rendu, et tu sais prodigieusement que ce n’est pas le genre de la maison, on va tout de suite au coeur de l’info ! Une sorte de lci bloguesque, quoi.

Je ne vais pas non plus te causer du livre, rapport que je n’ai pas eu le temps de le compulser.

Donc, je vais te parler de rien, au revoir.
Sincères salutations (ou cordialement, si tu connais un peu mieux la personne)

Bien sûr, c’est une galéjade ! Mais que tu es con parfois !

Quid du marque-page
, j’ai envie de te demander ?En effet, en recevant ce livre, je me suis dit que tu vois pas comme on a l’air con parfois, en cornant les coins des pages comme des gros Beaufs, alors qu’on pourrait accessoiriser le manuscrit d’un über marque-page, histoire de s’élever un peu du commun des mortels et, pourquoi pas, s’en servir comme un moyen de séduction à part entière, dans le métro, dans un café ou même dans ton lit si un inconnu s’y retrouve par mégarde, un soir (tu peux remplacer par un après-midi si tu veux).

Oui, tu viens de comprendre, c’est ça le truc chic et pas cher cette semaine.


A)
Les choses que tu ne dois absolument pas utiliser comme marque-page, sinon t’es juste ringard :

– Le billet de train Paris-La Souterraine d’avril 2005 (= je suis provinciale + je suis pauvre)

– Le marque page Hello Kitty avec le pompon rose qui pendouille ( = bonjour j’ai 30 ans mais j’en ai 13 en fait et/ou je suis blonde)

– Le post-it (= je travaille à La Poste, je chourave pleins de fournitures administratives pour compenser mon salaire mais en même temps je mérite pas plus car je ne fous rien + je suis CSP———)

– Le ticket de métro 4 zones Paris-Vesinet Le Pecq (= j’habite en banlieue + j’ai un pavillon + pour se voir le soir y’a pas moyen)

– Une fleur séchée (= c’est chiant t’en fous partout + je suis fleur bleue ascendant culcul la pral’)


B)
Les choses que tu dois absolument utiliser comme marque-page, si tu es upper class :

– Le billet d’avion Paris-Miami de la veille (= les voyages forment la jeunesse donc je suis jeune + je suis une executive woman + je suis jet laguée donc assez open)

– La carte de visite d’un homme (= je suis mystérieuse + je suis Isabelle Adjani dans « Mortelle randonnée » + je suis donc fascinante)

– Le carton d’invitation du vernissage de l’expo Nikki de Saint Phalle ( = Je m’intéresse à autre chose que mon horoscope dans Femme Actuelle même si je n’y vais que pour picoler et caresser les animaux empaillés en fin de soirée)

– La photo sépia et jaunie de ton arrière arrière grand-mère (= « La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie« A. Camus + t’es pas née sous X

– Le faire-part de mariage de Mathilde Agostinelli (= je me sape en Prada + je connais Cécilia et son mari)

Si tu es gentil, demain je te causerai de quelle laine Phildar tu dois acheter pour tricoter un pull bleu marine à ton mec, qu’il portera autour du cou, un soir d’hiver, à la Baule.

* Le syndrome de Roch – François Roque

Editions L’Arganier

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Là où le Chat Botté fait du jardinage

Quand on arrive au square, avec Cyclamen, tout le monde change de trottoir, rapport qu’ils voient du sang sur nos lames de rasoirs.

Sérieux, tu imagines la scène ? Donc on arrive au square, normal, à la bien* quoi, les lames de rasoirs, c’est seulement à la maison qu’elle a le droit de jouer avec, tu vois pas qu’elle blesserait un collègue de toboggan avec ?
Pff, t’es pénible.Il y a une semaine, son oeil azur a illico détecté un truc inhabituel, à 9h (indication dans l’espace, et non temporelle, pour information).

Elle demande c’est quoi cette maison verte avec des gens dedans.

J’y réponds qu’on s’en fout un peu, non .

Un des gens qu’était dedans la maison m’interpelle et me lance que c’est la Fête des Jardins.

Je dis « Enchantée » et j’ajoute « sauf que tu nous prends pour des buses, d’où t’as vu qu’on avait 50 ha de jardin dans nos apparts à Paris, t’as confondu avec la Province. »

Il était vexé mais m’a quand même donné un livre édité par la Mairie de Paris, intitulé « Jardinez Bio ». Le futur Médicis, en gros.
J’ai vaguement compulsé le pavé. Je suis tombée sur un article édifiant : « Compostez, c’est facile« .

Je me suis dit que le mec s’était sûrement trompé avec les guides de la SNCF, mais en fait non !

Paraîtrait que c’est un terme Jardilandesque. Le compost, j’entends.

J’ai rien compris.

Tiens-toi bien, faire son compost réduit le volume d’ordures ménagères traitées par la collectivité. Et là, t’as une illustration avec des épluchures.

Primo, je ne trie même pas mes poubelles, deuxio j’épluche jamais rien, c’est quoi l’intérêt ?

Aucun, t’as noté.

J’ai jeté le fascicule. Dans une poubelle, pas par terre, j’ai fait un effort.
Par contre, j’ai écrasé ma clope à côté d’une poussette, faut pas déconner non plus.Exténuées par l’excès de verdure, on est allées au spectacle.

Voir Le Chat Botté. Avec des potes.

Comme je me l’étais déjà enquillé y’a 6 mois, j’ai choisi de faire la sieste parce qu’autant le show est cheapos, autant ils ont pas lésiné sur la qualité des fauteuils.

A un moment, j’ai vu Cyclamen sur la scène.

Le Chat Botté, il l’interrogeait, « ta maman c’est la dame qui dort sur l’épaule de ton papa, là-bas ? »

Cyclamen elle a dit « oui, mais c’est pas mon papa« .

Finalement, c’est le Chat Botté qu’a eu l’air con.

Après, Cyclamen a eu envie de faire pipi. J’ai demandé à mon ami A. s’il pouvait l’accompagner avec sa naine que moi, je finissais ma sieste.
Quand A. est revenu, il nous a réveillés pour nous faire part d’un truc énigmatique.

Selon lui, y’a une salle tout en bas, à côté des toilettes, qu’est toute sombre, avec des canapés en cuir et le pire, il a trouvé que ça sentait le sexe.

J’ai dit t’es un grand malade, comment tu peux imaginer qu’il puisse y avoir une backroom deux étages en dessous d’un espace rempli de naïveté et de rires d’enfants.
On a déduit que comme c’est avenue Junot, là où crèchent moultes pipoles, ben doit quand même y’avoir partouzes et orgies sous roche.

On s’est cassés. On n’a pas dit au revoir au Chat.Sur la route, on ira vendre nos sacs de roses, mais sinon Cyclamen et ses copines ont fait une dissertation sur les noms de leurs nouveaux potes de classe.

Cyclamen a parlé d’un mec.

Sa copine, elle lui a demandé s’il était noir.

Elle a répondu « non, il est orange avec son pull« .????!!!! Ouais, carrément !
Et là je me suis dit que le spectacle, finalement, c’est (un peu) ça.

PS1 : De façon urgente, y a-t-il quelqu’un dans la salle susceptible de me dire si la conception d’un collier de Rahan, version fall-winter 2007-2008 a été prévue ? Ou bien ?

PS2 : Si tu trouves que la vie est dure, dis-toi que tu pourrais être à Roubaix, en train de vider des truites à la chaîne.

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